Métzéorites artistiques

Metz, on ne la connaissait pas. Constellations nous l’a mise en orbite. Pour sa 9e édition, ce festival international propulse la ville dans une autre galaxie, entre cosmos artistique et vortex numérique. Jusqu’au 30 août 2025, la capitale mosellane devient une rampe de lancement pour les imaginaires en apesanteur. C’est Blade Runner qui serre la main à Icare, 2001 : l’Odyssée de l’espace qui s’acoquine avec les fresques de Lascaux 2.0. Fragments choisis d’une parenthèse sidérale qu’on a expérimenté, entre pixels, pigments et poésies lumineuses.

Le jour, Metz pulse au rythme de l’art urbain, le soir venu, elle scintille sous les impulsions électriques des installations numériques. Deux temporalités, une seule mission : vous embarquer jusqu’au 30 août  pour un voyage multisensoriel où chaque coin de rue devient un interstice de fiction.

Synthesa – The Fox The Folks (c) DR

Pierres numériques : l’architecture sous LSD lumineux
Chaque jeudi, vendredi et samedi soir, Metz devient la scène d’un opéra lumineux en plein air. Porté par le commissaire artistique Jérémie Bellot, le parcours nocturne Pierres Numériques sublime le patrimoine messin à coups de mappings hypnotiques, d’installations immersives et de lasers en état d’apesanteur créative. Mention spéciale à Terraforma, un mapping cosmique sur la Cathédrale signé Nexus VI, qui transforme la nef en navette intersidérale pour une odyssée entre science, fiction et onirisme.

Autre clou céleste : le concours de mapping vidéo 360° au cloître des Trinitaires. Cinq artistes internationaux, un seul trophée astral. France, Roumanie, Allemagne, Indonésie… c’est une guerre des pixels à ciel ouvert. À vous de voter pour l’étoile montante qui fera le plus vibrer votre rétine.

Ataraxie de Maxime Houot – Collectif Coin © Amélie Bargellini – Ville de Metz

Ataraxie, cages et lasers : la tension douce du réel
Des faisceaux rouges traversent la nef de la Basilique Saint-Vincent. Ce n’est pas un mirage, c’est Ataraxie, une installation du Collectif Coin, qui interroge la quête de sérénité dans un monde au bord de l’implosion. Plus loin, ENCAGED, du collectif media.tribe, transforme l’Église des Trinitaires en cage lumineuse. Le laser devient langage. Le confinement, chorégraphie. C’est brutal, beau, bouleversant.

En plein jour : l’art urbain en trompe-l’esprit
Quand le soleil se lève, l’art prend les murs d’assaut. Myriama Idir, commissaire du programme diurne, mise sur le trompe-l’esprit, ce vertige visuel qui fait vaciller nos repères. Le festival infiltre l’espace urbain comme une onde poétique, disséminant ses œuvres dans les interstices de la ville.

La Mécanique Céleste – WOSE HERE

Coup de cœur pour WOSE HERE, dont La Mécanique Céleste déploie une fresque anamorphique sur les murs de la rue de l’Abreuvoir : illusion d’optique, perspective fracturée, et cette impression délicieuse de perdre le nord pour mieux retrouver le sens. À l’École Saint-Martin, Missy & Stom500 signent La Rencontre, une fresque bestiaire qui bondit à la croisée du rêve et de l’écologie. Et puis il y a Vanessa Steiner, qui pixelise une cascade en plein boulevard Poincaré avec All Water, comme une méditation sur notre avenir liquide.

Un festival comme constellation
Constellations, ce n’est pas une suite d’événements. C’est une carte céleste d’expériences à vivre. C’est une ville qui vibre au rythme de la lumière, qui joue avec les illusions, qui défie les perceptions. C’est un million de visiteurs attendus, vingt lieux investis, une trentaine d’artistes et autant de fulgurances esthétiques.

Vortex-X investit la Porte des Allemands (c) DR

Ici, l’art n’est pas une contemplation, c’est une collision. Entre réels augmentés, illusions bien réelles et utopies pixelisées, Constellations de Metz brouille les pistes, fait vibrer les failles, et vous rend acteur d’un monde en perpétuelle réinvention. Inclusif, accessible, généreux : ce festival gratuit fait de l’art une aventure collective. Visites en LSF, ateliers pour tous les publics, rencontres avec les artistes… l’art sort des musées pour se glisser dans la peau des passants. Et pour ceux qui aiment lire les signes dans les cieux, sachez que derrière chaque œuvre se cache une mythologie contemporaine. On y croise des Hélios numériques, des Cassiopée en graffiti, des Orion en LED et même des Prométhée pixelisés, défiant l’Olympe avec un vidéoprojecteur.

Cet été, que vous soyez amateur de street-art, passionné de data-poésie ou simple curieux du crépuscule, suivez le fil des étoiles. À Metz, les constellations ne se regardent pas, elles se vivent. Et parfois, elles vous regardent en retour. Alors levez les yeux, laissez tomber la gravité du quotidien.