Maison Saint-Gervais : sept étages et autant de vertige

La nouvelle identité visuelle de la Maison Saint-Gervais au design graphique signé Dual Room, et habillée par l’objectif de Matthieu Croizier

La Maison Saint-Gervais ne programme pas, elle propulse. Sa nouvelle saison 2025–2026 ? Un manège à sensations fortes pour les amateurs d’art vivant, un parcours d’altitude créatif où chaque palier réserve son lot de tremblements. De la cave au septième ciel, on y croise des monstres intérieurs, des chevaux qui peignent, des selfies qui chantent, des supermarchés qui digèrent le monde et des quêtes identitaires à faire frémir les murs. Close-up. 

Maison Saint-Gervais : théâtre d’altitude(s)
Sept étages, deux sous-sols et un monde à explorer. À Genève, la Maison Saint-Gervais ne se contente pas de monter des spectacles : elle les fait déborder. Pour cette saison 2025–2026, l’adresse culte du quartier éponyme poursuit son ascension poétique et politique avec une programmation fougueuse. Ici, la scène n’est pas une vitrine mais un laboratoire — un espace où le théâtre s’hybride, s’électrise, s’incarne dans tous les langages. On entre par le bar, on grimpe les marches, et déjà, ça frémit.

Créations maison et accueils précieux
Dès la rentrée, place à Living Smile Vidya, performeuse indienne et réfugiée trans qui retrace son odyssée avec humour et intensité. Un récit de lutte et de lumière pour ouvrir la saison, en coréalisation avec La Bâtie. Dans la foulée, Frédérick Gravel revient avec Tout se pète la gueule, chérie, relecture musclée de sa pièce culte, où les corps masculins se cherchent un nouveau lexique entre chorégraphie et stand-up dérapé.

Autre moment fort : Le Cheval qui peint, fable dada signée Old Masters, où trois artistes se glissent dans un costume de cheval pour interroger le geste artistique avec tendresse et absurdité. Puis vient La Médaille ou À chacun son monstre de Marielle Pinsard, conte vaudou et marionnettique qui célèbre l’amitié au-delà des peurs. Suivent La Magnificité du collectif GREMAUD/GURTNER/BOVAY, ovni métaphysico-comique, et L’âge de frémir de Guillaume Béguin, ode à la vieillesse flamboyante, entre rides, liberté et sensualité.

Des formes qui débordent le cadre
Tout au long de la saison, la Maison multiplie les formats : conférence théâtralisée hilarante avec Sauvez vos projets d’Antoine Defoort, archives vivantes sur Avignon avec Fanny de Chaillé, ou adaptation physique et musicale du mythe Frankenstein par Les Fondateurs.

En 2026, le rythme ne faiblit pas. Avec Zone, Laure Hirsig explore les voix adolescentes et les tumultes de l’identité ; Les Trois Sœurs à Trois détourne Tchekhov version émission de radio par le collectif BPM ; et Coloscopie d’un supermarché offre une satire aussi drôle que mordante de nos obsessions consuméristes.

Des mondes parallèles et des plongées intimes
Toujours plus performatif, le plateau accueille Bowling Club Fantasy, où la banalité d’un rencard au bowling devient fresque poétique. Dans Submersion Games, Bryan Campbell revisite Moby Dick avec des baleines, du désir et de l’écologie tragique. Chaos Ballad de Samir Kennedy, Cacao de Jean-Daniel Piguet, Paix de Tiphanie Bovay-Klameth, It’s got legs de Kennedy à nouveau, et Wasted Land de Ntando Cele ferment la saison en beauté : entre rituels collectifs, poésie chorégraphique et chaos lumineux.

Une maison en mouvement
Tout cela se déroule dans une maison repensée, au design graphique signé Dual Room, et habillée par l’objectif de Matthieu Croizier. Un lieu en constante métamorphose, où la création ne dort jamais. Dans les salles, les couloirs, les escaliers, les terrasses. Un théâtre vertical où les rêves, les corps et les récits prennent leur envol.

 

Théâtre Saint-Gervais Genève
Rue du Temple 5
1201 Genève

https://saintgervais.ch/