LOVE MOTEL, PERFORMANCE LYNCHI-ENNE

L’univers feutré et fascinant de Love Motel crée par Jean-Pierre Kazemi ©DR

Avec Love Motel, on plonge dans l’univers envoûtant du groupe formé par le genevois Jean-Pierre Kazemi qui s’inspire de l’étrange et hétéroclite ambiance des motels américains. Sa prochaine performance? Le 9 juin prochain dans le cadre du festival Les Athénennes. C’est accompagné du VJ Yannick Moréteau et d’Alexis Trembley aux claviers que Love Motel promet de nous transporter dans un monde onirique empreint de mystère, évoquant les œuvres cinématographiques de David Lynch. Une expérience auditive et visuelle unique, où les frontières entre musique et cinéma se fondent pour nous emmener vers des dimensions inexplorées.
Interview avec le génial et créatif Jean-Pierre Kazemi.

 

Comment s’est passée la collaboration avec Les Athénéennes ?
La collaboration s’est mise en place rapidement, après qu’Audrey Vigoureux (codirectrice du festival Les Athénéennes) m’ait proposé d’y participer. En l’espace d’une après-midi, je lui ai envoyé un brief basé sur ce que j’avais déjà commencé, et nous avons lancé le projet. Les Athénéennes est un festival qui sait prendre des risques grâce à la diversité de sa programmation. Il se trouve là où on ne l’attend pas, en faisant cohabiter le jazz, la musique classique et l’électro. C’est sa force, et je suis heureux qu’Audrey Vigoureux me fasse confiance.

Les visuels de Yannick Moréteau à découvrir le 9 juin prochain aux Athénéennes

Pouvez-vous nous raconter le processus de création de la bande-son ?
J’avais déjà commencé ce projet l’année dernière, mais je l’ai mis de côté. Lorsque les Athénéennes, m’ont contacté et annoncé la thématique cinématographique de cette année, j’ai tout de suite pensé à ce projet et je l’ai ressorti. Je me suis basé sur l’épaisseur dramatique de l’hors-champ que Lynch manie à la perfection. Comme ce fameux décor en velours sombre qui traduit l’existence d’un fond voilé, mystérieux ; l’identité, double ou trouble, des personnages ; le rêve réel ou réalité rêvée. Cela m’a fourni un tel matériel, que j’ai réussi à créer rapidement. Certaines parties avec des paroles et d’autres sans. Les émotions et les fantasmes seront les clés d’accès au mysticisme lynchien, justement parce que le mystère ne se situe pas dans le monde physique, il se situe ailleurs. Là était toute l’inspiration. Et je me rends bien compte que le résultat aurait été tellement différent si j’avais créé à une autre époque.

Les visuels de Yannick Moréteau à découvrir le 9 juin prochain aux Athénéennes

Comment s’est déroulé le processus de création avec le VJ (vidéo jockey), Yannick Moréteau ?
Il n’a pas été facile de trouver un VJ disponible à mes dates, mais j’ai réussi à collaborer avec l’artiste lyonnais Yannick Moréteau. Tout le processus s’est fait à distance, via Zoom. Je vais découvrir le résultat ce soir-même et je dois avouer que je suis un peu anxieux. J’ai seulement vu des captures d’écran jusqu’à présent. En ce qui concerne le processus, j’ai créé le visuel en me basant sur un storyboard que j’ai composé en choisissant des extraits des films du réalisateur David Lynch. J’ai sélectionné des moments qui captent les thématiques que j’apprécie chez lui : le mystère, les interactions hommes-femmes, le doute, l’incertitude et les rêves. D’après Lynch, le spectateur est un voyeur et ses films laissent toujours place à l’imaginaire, alors je n’ai pas voulu m’interposer davantage. C’est à mes risques et périls! (rires)

Comment allez-vous choisir les visuels qui accompagneront votre performance musicale et comment pensez-vous qu’ils enrichiront l’expérience globale ?
J’ai laissé Yannick, créer en se basant sur mes impressions brutes, avec lesquelles j’ai rapidement réalisé le storyboard car je ne voulais pas trop réfléchir. Une trame invisible s’est créée dans l’histoire que je voulais raconter, et cela me convenait. Travailler avec l’univers visuel déjà très fort de David Lynch, qui autorise l’interprétation et le mystère, facilite la tâche. J’ai donc été librement inspiré, et j’espère maintenant que cela parlera au public. J’aime être accompagné de visuels lors de mes performances car ils intensifient l’aspect sensoriel et plongent le public dans une expérience immersive. Leur attention se balade entre les images et la musique, créant une expérience flottante. De cette manière, nous voulons aussi intégrer le public et leur faire vivre ce que nous vivons sur scène.

Les visuels de Yannick Moréteau à découvrir le 9 juin prochain aux Athénéennes

Si votre performance était un rêve étrange, comment décririez-vous le décor onirique qui l’accompagnerait ?
Ce serait un de ces décors étranges que Lynch parvient à créer, mélangeant le quotidien avec des bizarreries. Je pense immédiatement à une scène dans une cuisine typique des années 50, un univers familier où des personnages étranges peuplent l’espace. Au mur, trônerait un tableau dérangeant représentant des petites filles assises en rond avec un ange qui tourne autour.

Et dans quel lieu insolite?
Mon rêve a toujours été de me produire dans un véritable motel, où le public pourrait se promener entre chaque chambre, chacune ayant son propre décor, son histoire, sa bande-son et son ambiance. D’ailleurs, le premier site internet de Love Motel, celui que nous avons créé au début des années 2000, était construit de cette manière. À l’accueil, il y avait une poupée Barbie, puis la visite se faisait au travers des chambres qui étaient associées à nos chansons… Ce serait amusant de vivre cette ambiance !

 

Love Motel aux Athénéennes
Jean-Pierre Kazemi (chant, machines, guitare), Alexis Trembley (claviers, guitare), Yannick Moréteau (VJ)

Le 9 juin à 23h
Alhambra
10 rue de la Rôtisserie, 1204 Genève

www.lesatheneennes.ch