Louise Bourgeois x Jenny Holzer

©Mark Niederman

C’est l’histoire d’une amitié, l’histoire de l’art, l’histoire des mots. L’exposition Louise Bourgeois x Jenny Holzer qu’accueille le Kunstmuseum de Bâle est à la fois un hommage d’une grande artiste à une autre, mais aussi un dialogue, et une rencontre inédite dans les murs d’une institution. Pour le musée bâlois, l’artiste américaine Jenny Holzer conçoit une exposition où on lui laisse carte blanche et où les œuvres de la légende Bourgeois rencontrent celles de l’artiste majeure de sa génération. Si leur approche de l’art peut sembler très différente, les deux femmes se rejoignent, et ce notamment dans l’emploi du langage et de l’écriture. C’est à travers le regard d’Holzer que nous faisons la découverte de ce parallèle jusqu’alors jamais réalisé entre les deux artistes, les deux amies. Une approche dense et complexe qui se savoure jusqu’au 15 mai 2022. 

 

Dans les murs du Kunstmuseum de Bâle, nous assistons à la rencontre entre deux légendes de l’art américain. À travers le regard de Jenny Holzer, et en parallèle de ses œuvres, nous redécouvrons Louise Bourgeois d’un nouvel œil. De prime abord, rien à part leur amitié ne semble lier ces deux artistes. Chacune évoluant dans un univers bien défini, leurs créations ne paraissant posséder aucun point commun. Et pourtant, cet accrochage nous ouvre les yeux sur un lien bien réel, que Jenny Holzer nous dévoile tout en rendant hommage à une amie, une légende. Dans cette exposition, ce sont le langage et l’écriture qui les unissent, omniprésents depuis toujours dans l’œuvre et le processus de création de Bourgeois. Qu’il s’agisse de ses journaux intimes où elle écrivait ses traumatismes pour mieux les vivre, de ses notes prises durant ses séances de psychanalyses, ou encore de sa riche correspondance, le mot était une arme pour Louise Bourgeois, qui l’a fait quitter le cercle intime pour le faire entrer dans ses oeuvres. Ils étaient parfois brodés sur des tissus, gravés dans le plomb, ou intégrés à ses installations. 

Untitled, L. Bourgeois, ©Christopher Burke

Pour Jenny Holzer, c’est le langage et son utilisation dans l’espace public qui lui a permis de jouir d’une notoriété mondiale dès les années 1980. Variant les formats, des panneaux surdimensionnés au textile, des camions transportant des messages en LED aux projections monumentales, le langage est depuis toujours son terrain de jeu. À travers son exposition que le musée bâlois lui a laissé penser à sa manière, Jenny Holzer met en regard ses œuvres à celles de Louise Bourgeois, mais elle va également plus loin. Véritable hommage à une amie, cette exposition est aussi l’occasion de découvrir les œuvres de l’artiste américaine qui disparaissait en 2010 dans un contexte nouveau, côtoyant les œuvres classiques des collections du musée qui viennent alors démontrer les liens indéfectibles unissant l’art ancien et l’art contemporain. Tout au long de cette exposition résolument dense, nous suivons le récit écrit par Jenny Holzer qui nous entraîne à travers une éventail d’émotions et de thématiques, traitant des traumatismes, et de la créativité, mais avec une affection qui elle se fait ressentir tout au long de l’exposition. Deux légendes oui, mais avant tout deux amies qui se retrouvent. 

Louise Bourgeois; Nature Study; 1984

Louise Bourgeois x Jenny Holzer, The violence of handwriting across a page, jusqu’au 15 mai 2022, Kunstmuseum Basel, Neubau et Hauptbau, St. Alban-Graben 16 Postfach, CH-4010 Basel, www.kunstmuseumbasel.ch