Les Automnales changent de saison et d’âme

Cette année, les Automnales ne se contentent plus d’exposer : elles vibrent, elles respirent, elles dansent. Palexpo devient un terrain d’émotions, une agora des sens et un laboratoire d’idées, où l’on passe d’un food truck à un forum vert, d’un karaoké à un jardin éponge. Entre les stands et les saisons, les Automnales rappellent que Genève sait encore conjuguer le plaisir au présent — et le futur à l’indicatif du lien. Entre marché, festival et manifeste, cette édition 2025 s’annonce comme une partition à trois temps — Food, Market, Émotion — jouée au rythme de la ville et de ses battements. À la tête de cette métamorphose, Jennifer Joly, directrice des Automnales, orchestre un virage audacieux : celui d’un événement populaire devenu festival d’expériences. Sous son impulsion, la foire genevoise s’offre une nouvelle grammaire : plus rythmée, plus immersive, plus désirable.

Rencontre avec celle qui fait battre le cœur de novembre au son des rires, des débats et des saveurs, entre écologie joyeuse et convivialité assumée.

De la foire au festival, quel nouveau tempo donnez-vous à cette partition automnale ?
Nous avons voulu insuffler une nouvelle dynamique aux Automnales, leur redonner du rythme et une atmosphère plus contemporaine. L’idée était de “festivaliser” l’événement : transformer la foire en un lieu de vie vibrant, où l’on vient non seulement découvrir, mais aussi ressentir, partager, expérimenter. Le visiteur ne flâne plus seulement entre les stands, il entre dans une histoire.

Entre course, stands et effervescence : Palexpo bat comme un cœur collectif! Dix jours où Genève respire au rythme de ses passions (c) DR

Comment faire danser l’âme populaire des Automnales avec cette exigence curatoriale nouvelle ?
C’est tout l’enjeu ! Nous restons fidèles à notre ADN populaire tout en élargissant les horizons. Les trois espaces — Food Festival, Market, Émotion — offrent chacun des parcours pensés pour différents publics : familles, jeunes, seniors, curieux. Concerts chaque soir, concours de chant, tyrolienne, ateliers, halle gastronomique, plus de 200 animations… L’idée est de parler à tout le monde, sans perdre la chaleur et la convivialité qui font le succès des Automnales depuis toujours.

Du burger signature au jardin éponge : comment marier palais et planète, plaisir et conscience ?
Nous avons imaginé une expérience plurielle, où plaisir et responsabilité se nourrissent mutuellement. Le Food Festival en est le meilleur exemple : plus de 40 restaurateurs et food trucks célèbrent la gourmandise tout en valorisant les producteurs locaux et les pratiques durables. On peut se régaler tout en restant attentif à ce que l’on consomme. Pas de morale verte, juste l’envie sincère de bien faire, dans la joie.

Le Food Festival devient une fête sensorielle : karaoké, DJ sets, concours, émotions… Quelle est la recette secrète pour que la gourmandise reste légère ? L’équilibre ! Le Food Festival se vit comme une balade à travers les quatre saisons — chaque univers a sa scénographie, ses saveurs, son ambiance. On y croise des plats du terroir, des bars à huîtres, des food trucks venus d’ailleurs, et une table gastronomique animée par des chefs locaux. Ce rythme saisonnier permet de varier les plaisirs sans jamais saturer. On déguste, on danse, on rit, on recommence.

Cette année, la nature s’invite au cœur de Palexpo. Que murmure ce “Green City Forum” sur notre futur urbain ?
Il raconte que la nature n’a pas dit son dernier mot. Même au cœur des villes, elle peut retrouver sa place. Le Green City Forum invite à réfléchir à la “ville éponge” : une cité capable d’absorber, de stocker et de restituer l’eau de pluie pour rafraîchir, reverdir et recréer du lien entre humains et environnement. C’est un projet poétique et concret à la fois — une ville qui respire et inspire.

“Ville éponge”, “sols vivants”, “jardins immersifs”… on dirait un poème écologique. Comment rendre le développement durable désirable, presque sensuel ?
Il faut d’abord émerveiller avant de convaincre. Avec la Fondation Hortus et ses jardins immersifs, nous voulons parler de durabilité par le beau et le sensible. On n’impose rien, on invite à la flânerie, à la curiosité. Ce n’est pas une leçon de morale, mais un éveil doux à la conscience écologique.

Peut-on dire que les Automnales deviennent un laboratoire citoyen, ou préférez-vous parler d’un terrain de jeu collectif ?
Un terrain de jeu collectif, sans hésiter ! Les Automnales ne se veulent pas militantes, mais inspirantes. C’est un lieu pour se retrouver, découvrir, s’émerveiller, apprendre sans s’en rendre compte. Nous joignons l’utile à l’agréable, tout simplement.

140 000 visiteurs et pourtant l’esprit de village demeure. Quel est votre secret pour garder cette chaleur humaine dans l’ampleur de Palexpo ?
En restant profondément locaux. Nos exposants, nos partenaires, nos talents : la majorité vient de la région. Ce sont des visages familiers, des histoires partagées. On cultive cette âme genevoise, simple, accueillante, chaleureuse. C’est ce qui fait la magie du lieu : on s’y sent comme chez soi.

Si le public devait repartir avec un souvenir symbolique — une émotion, une rencontre, une idée — lequel aimeriez-vous qu’il garde ?
Un sourire, une rencontre inattendue, une envie de revenir. Que chacun, selon ses envies, reparte avec un petit supplément d’âme. Un souvenir qui fait du bien, qui reconnecte au plaisir simple d’être ensemble.

Et vous, Jennifer, quel est ce moment suspendu qui vous rappelle chaque année pourquoi vous faites tout ça ?Quand je vois les gens profiter à fond. Les enfants qui rient, les amis qui trinquent, les artisans qui partagent leur passion. Ces instants de vie me rappellent que l’essence même des Automnales, c’est le lien. Créer des moments qui rassemblent, qui font rêver. C’est ça, ma plus belle récompense.