Le Maille : celui qui a tapé dans l’oeil d’Eminem
©Le Maille
Sur la page Instagram de Le Maille, chaque animation fusionne avec le vinyle traditionnel pour un spectacle unique, le temps d’un tour de disque : trois secondes magiques où l’art digital devient palpable. À travers ses vinyles animés, l’artiste romand donne corps à ses animations numériques, jusqu’alors confinées au monde digital. Ses œuvres sont une célébration de la culture auditive et visuelle, invitant le spectateur à plonger dans une expérience sensorielle inédite. Normal qu’il ait capté l’attention du rappeur américain Eminem pour une collaboration.
Rencontre avec cet innovateur qui fait tourner les têtes.
Qu’est-ce qui vous a inspiré à commencer à créer des illustrations sur vinyle ?
L’aventure a débuté avec une frustration : mes animations étaient prisonnières du format numérique, éphémères et impalpables. Puis, la découverte de Drew Tetz, le pro des vinyles animés, a tout changé. En fait, l’origine de cette technique est le phénakistiscope, qui joue sur la persistance de la vision pour créer l’illusion du mouvement. Fasciné par l’idée d’insuffler une âme aux objets physiques, je me suis plongé dans les tutos, et c’était le début d’une nouvelle expression artistique pour moi.
Comment anime-t-on un vinyle concrètement ?
Contrairement aux idées reçues, la musique n’est pas le point de départ ni un guide dans la création de l’animation sur un vinyle. Ce qu’il faut savoir, c’est que l’animation ne se déclenche qu’à une certaine vitesse de rotation. Cela m’a amené à un moment où j’ai dû faire le deuil de l’idée d’une animation rythmée par la musique, pour me concentrer sur la création d’une animation fluide et agréable à regarder à la vitesse optimale du vinyle. En résumé, je commence par un dessin que je dois adapter à trois contraintes : mon espace de création est limité à ce que j’aime appeler une ‘tranche de pizza’ ; que chaque boucle soit parfaite, donnant l’illusion d’un mouvement éternel ; tout en gardant le disque joli, même immobile.
Comment choisissez-vous la musique sur laquelle vous allez créer vos illustrations ?
Parfois, c’est un morceau de musique qui me frappe et m’inspire directement. D’autres fois, c’est la couverture de l’album qui me parle, soit par son esthétique, soit par son titre ; cela devient alors une base solide pour mon travail. L’inspiration peut venir de partout – films, séries… tout est un potentiel vecteur d’inspiration. Généralement, je commence par le visuel, en cherchant ce qui s’accorde le mieux avec la musique.
Quelles sont vos principales sources d’inspiration en dehors du monde de la musique ?
Mes principales sources d’inspiration proviennent de divers horizons, en particulier les films d’animation, comme ceux du studio Ghibli à Tokyo. Même si c’est parfois décourageant de se mesurer à de tels géants, surtout en travaillant seul. Je m’inspire aussi beaucoup de la photographie et des courts-métrages. J’ai toujours du mal à répondre à cette question, parce que, pour moi, l’inspiration est partout, tout le temps.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre collaboration avec Eminem pour la réédition de l’album Slim Shady ? Comment cette opportunité s’est-elle présentée ?
Tout a commencé avec un message direct sur Instagram, d’Interscope Records : « On adore ce que tu fais, ça te dirait de bosser sur la réédition de l’album The Slim Shady LP d’Eminem ? ». J’avoue que j’étais assez sceptique au début. Mais très vite, on a organisé un appel avec Universal, où j’ai eu l’une des conversations les plus surréalistes de ma vie. Ils parlaient de collaborations avec Dr. Dre et d’autres rappeurs que j’avais dans mon iPod. Finalement, c’était la collab la plus fluide que j’ai jamais eue. Ma première proposition leur a tout de suite plu, et tout a été décidé rapidement. Quant à savoir ce qu’Eminem en a pensé, je ne saurais dire.
Quels sont vos projets futurs et défis artistiques ?
Ce que je sais, c’est que je ne veux pas me limiter uniquement au vinyle. J’aspire à diversifier mes activités et à consacrer plus de temps à d’autres projets. L’animation reste ma passion principale, tant elle offre un champ d’exploration immense : animations pour concerts, clips vidéo, courts-métrages… Le défi majeur avec les grands projets est d’apprendre à travailler en équipe. J’ai tendance à vouloir tout faire par moi-même, mais les courts-métrages exigent de collaborer. Ce sont des équipes entières où chacun a une partie à faire, la modélisation, le dessin ou le design des personnages, etc. Et l’autre défi de l’animation, c’est celui de persévérer malgré le début de création difficile, où ça ne ressemble à rien et que tout est moche. Mais le rêve évidemment, c’est la réalisation d’un court voire un long-métrage.
Le Maille
Instagram : le_maille
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