Le Lac en mode majeur

La Grange au Lac © Matthieu Joffres

C’est un festival qui joue à la fois les chefs d’orchestre et les chefs d’émotion. Un festival où le silence des mélèzes frôle les cordes sensibles, où les grands noms du classique croisent les étoiles montantes, et où Ravel swingue avec Béjart dans un pas de deux inattendu. Bienvenue aux Rencontres Musicales d’Évian 2025 – édition virtuose, édition vibrante, édition… vivante.

Cette année encore, Renaud Capuçon, maestro au sourire clair et à l’archet affûté, signe une programmation en technicolor : du chambrisme solaire, des symphonies en majesté, des duos électrisants et une pluie d’icônes. Le ton est donné dès l’ouverture avec l’Orchestre du Festival de Budapest dirigé par le magicien Iván Fischer. Au menu ? Mahler, bien sûr, et ses Kindertotenlieder à fleur de larmes, suivis d’une Cinquième qui vibre comme un cœur à nu.

Un Ravel d’anniversaire, un Boléro d’anthologie
À l’honneur cette année : Maurice Ravel, 150 ans et pas une ride. Trois matinées dédiées à son œuvre de chambre – un nectar servi par une escouade de jeunes musiciens éclatants – et en apothéose, une soirée avec l’immense Martha Argerich, l’Orchestre National du Capitole de Toulouse et ce Concerto en sol majeur qu’on écouterait en boucle jusqu’au bout de la nuit. Cerise sur la portée : le Boléro dansé par le Béjart Ballet Lausanne, version chorale et organique, un crescendo de sensualité brute sous la houlette de Léo Warynski. Sensations garanties.

La Grange au Lac (c) Franck Juery

Capuçon & co : des duos de feu et des premiers frissons

Quand Renaud Capuçon joue avec son frère Gautier, c’est plus qu’un concert : c’est un dialogue d’âmes. Ensemble, ils reprennent le Double Concerto de Brahms, sans chef, juccste eux et la musique – comme une confidence à ciel ouvert. Et puis il y a ceux qu’on découvre et qu’on n’oubliera plus : Arielle Beck, 16 ans, claviériste cosmique ; Jaemin Han, 19 ans, violoncelliste venu d’un autre monde ; ou encore l’Ensemble Astera, quintette surdoué passé par le feu du Concours Nielsen.

Les Rencontres Musicales d’Évian – du 25 juin au 5 juillet à la Grange au Lac (C) DR

Un festival qui prend le large

Cette édition ne se contente pas de jouer sur partition : elle explore, elle ose, elle décloisonne. John Williams rencontre Anne-Sophie Mutter pour un feu d’artifice hollywoodien ; William Christie dirige Haendel comme une leçon d’éternité ; Yuja Wang ferme le bal en dirigeant Chopin et Tchaïkovski depuis son piano, tout feu tout flamme. Le tout dans ce joyau acoustique qu’est La Grange au Lac, bientôt rejoint par La Source Vive, nouvelle salle semi-enterrée et déjà légendaire avant même sa première note.

La Grange vue de l’extérieur dans son écrin végétal (c) Franck Juery

Plus qu’un festival, une constellation

Entre concerts en apesanteur, masterclasses, expositions, festival Off et billets suspendus pour partager la musique avec tous, les Rencontres Musicales d’Évian composent une galaxie généreuse. L’art y est partout, vibrant, incarné, engagé. On vient y chercher un frisson, on repart avec une claque.

Et cette année encore, ce sera grand. Ce sera beau. Ce sera… Évian.

Les Rencontres Musicales d’Évian – du 25 juin au 5 juillet à la Grange au Lac

https://lagrangeaulac.com