Le Grand Théâtre de Genève : reflet de la réalité

©Paolo Pellegrin

L’art, miroir de notre monde. Jamais un adage n’a été aussi propice que celui-ci ne l’est au Grand Théâtre de Genève. Depuis maintenant trois années, avec l’arrivée de son nouveau directeur général Aviel Cahn, l’institution stèle à proposer une programmation artistique d’exception profondément ancrée dans l’actualité et la réalité de notre monde. La saison 2022-2023 du GTG ne déroge pas à cette nouvelle règle avec sa thématique plus que jamais dans l’air du temps, Mondes en migration. Une saison dont le nom nous ouvre des perspectives sur l’ailleurs, l’autre, mais aussi le perpétuel mouvement des Hommes, souvent conséquence de tragédies, poussant au départ, à l’exil. Les spectacles proposés cette année par l’institution s’inscrivent alors dans cette veine : La Juive en ouverture de saison, mais aussi l’opéra Katia Kabanova qui nous parle de liberté, ou encore Le Retour d’Ulysse qui nous entraine vers Ithaque. Quand l’art nous parle du monde.

Des chefs-d’oeuvres sur la scène du GTG

Pour la troisième année consécutive, le directeur du Grand Théâtre de Genève Aviel Cahn, nous invite à entrer dans une saison d’exception où sur scène les chefs-d’oeuvres se succèdent. Le choix de la thématique 2022-2023 nous entraine dans un univers souvent sombre, où la lumière vient s’infiltrer comme un espoir presque inattendu. Cette année encore sur scène se rencontreront des arts et des artistes de tous horizons pour nous proposer des représentations rares et précieuses. Dès l’ouverture de saison, nous sommes transportés vers une histoire où la tragédie, l’exil et l’intolérance sont centrales. La Juive, premier tableau du dytique de Fromental Halévy proposé cet automne, nous parle de fanatisme, mais aussi de la dure vie du peuple Juif en Europe à travers une création qui sera interprétée par Ruzan Mantashyan dans le rôle principal de Rachel avec Mark Minkowski à la direction de l’orchestre. L’Eclair, opéra pendant très rarement interprété, suivra avant de laisser la place à Katia Kabanova. Un opéra qui nous parle d’une liberté rêvée à travers une tragédie qui se raconte à travers les compositions intemporelles de Leos Janáček. En février et mars prochain, bond dans le passé avec Le Retour d’Ulysse, avant de partir pour un Voyage vers l’espoir. Cette création du compositeur allemand Christian Jost se base sur le film de Xavier Koller qui nous raconte l’histoire d’une famille kurde quittant sa terre natale pour la Suisse. Une merveille où histoire et musique se complètent à la perfection pour une immersion entre espoir et désespoir.

Paolo Pellegrin

Un nouveau directeur artistique pour le ballet

La danse au GTG connait une petite révolution cette saison avec l’arrivée d’un nouveau directeur artistique pour son ballet. C’est Sidi Larbi Cherkaoui qui mènera désormais la danse avec cette saison quatre pièces où la méditation et  le voyage seront au rendez-vous. Tout comme cela avec Les Mondes flottants, mêlant Skis de Damien Jaillet et Ukiyo-e de Sidi Larbi en première mondiale. Deux pièces pour un spectacle où l’autre, mais aussi la résilience et la survie communiquent pour un résultat aussi poétique que puissant. Sutra nous entrainera en Chine en février prochain, avant que TRACES ne nous parle de rites et de mémoire avec en toile de fond une scénographie bluffante. Le ballet quittera également le théâtre et rejoindra l’Usine pour deux représentations pluridisciplinaire réunissant l’Orchestre de Chambre de Genève, et le batteur suisse Arthur Hnatek qui proposera ici un projet aux influences électro. Sidi Larbi Cherkaoui  nous a déjà séduit.

L’actualité sur scène

Depuis la nuit des temps, l’art dans toutes ses formes nous parle du monde qui nous entoure. Cette saison, sur la scène du Grand Théâtre de Genève, c’est un rôle que les arts de la scène tiennent plus que jamais. Encore une fois c’est une thématique forte qui a été choisie saison, Mondes en migration. L’exil, les départs, la découverte de nouvelles terres, la fuite, ou encore la déportation, tant de terres qui viennent décliner cette thématique cette année illustrée par un photojournaliste de renom, travaillant pour l’agence Magnum, Paolo Pellegrin. Ce sont ses images qui ont été choisies pour imager cette saison, des photographies datant des dernières décennies réalisées sur les routes du monde entier. Leur point commun ? Le mouvement perpétuel des Hommes, dicté par la survie, l’espoir, ou parfois forcé, contraint. Une illustration visuelle en adéquation avec cette thématique complexe où l’on observe ces migrations, tentant de les comprendre, en restant incapable de saisir la teneur de ce monde où prendre la route est parfois la seule option. Une saison forte, prenante, qui reflète un monde où la beauté se fait trop souvent absente.

Grand Théâtre de Genève, 5, place de Neuve, CH 1204 Genève, https://www.gtg.ch/