Le Grand Mazarin: adresse diaprée

Le Grand Mazarin, adresse tigrée ©DR
Direction le Marais, à deux pas des rives de la Seine pour le Grand Mazarin, deuxième bijou hôtelier signé Martin Brudnizki. Télescopage de couleurs et motifs mixtes façonnent ce dernier-né de la superbe collection Maisons Pariente (Crillon-le-Brave en Provence, Le Coucou à Méribel et Lou Pinet à Saint-Tropez). Aux côtés du designer suédois haut en couleurs, le duo de sœurs à la tête de cette dernière – Leslie Kouhana et Kimberly Kohan – a magnifiquement et méticuleusement chorégraphié afin de créer cette première adresse urbaine au style éclectique distillant l’esprit du Marais.
L’arrondissement bohème de la capitale française a longtemps encapsulé un Paris de carte postale sans la kitsch et touristique touche propre à Montmartre. C’est à l’angle de la rue des Archives et de la rue de la Verrerie, juste en face du département BHV/Marais qu’on découvre le Grand Mazarin. La frénétique rue de Rivoli et l’Hôtel de Ville se trouvent à quelques encablures au sud où les piétons se précipitent dans toutes les directions. Et pourtant, ce que l’on découvre en entrant, nous surprend. Véritable cocon en rupture avec le tumulte urbain avoisinant, on foule le pied dans un univers hôtelier très différent de ce qu’on a l’habitude de voir. Ici, Martin Brudnizki reprend les classiques de l’architecture d’intérieur française pour les bousculer avec audace. Fresques sur mesure, imprimés contrastés, tissus somptueux, meubles anciens et pépites chinés au marché aux puces convient nos yeux ébahis à un synopsis digne d’un Wes Anderson.

Le Grand Mazarin sis dans le très hype quartier du Marais ©DR
Salon littéraire modernisé
S’il serait juste de supposer que le nom de l’hôtel – Grand Mazarin – a été inspiré d’une manière ou d’une autre par le célèbre ministre de Louis XIV, le cardinal Mazarin, le lien est davantage tissé à une caractéristique de cette époque : les salons littéraires fourmillant au XVIIe siècle. L’art est un leitmotiv clair dans ce projet. Motifs, couleurs et tissus zébrés, parquet en bois tressé et appliques murales à pampilles: ici, les intérieurs font une déclaration d’amour au design hardi. Les marchés aux puces ont été parcourus pour dénicher des pièces uniques qu’on a tenté en vain de dérober. Plus de 500 œuvres d’art soigneusement sélectionnées par la jeune galeriste Amélie du Chalard, parsèment l’hôtel. À l’intérieur de la bâtisse de six étages, l’imagination éclectique et colorée de Brudnizki foisonne! Chaque recoin de ce joli écrin d’hôtel a été pensé avec soin. Coup de cœur pour les mystérieuses fresques en trompe-l’œil de l’artiste minorquine Sophie Pega qui ornent la cour intérieure.

Les corridors du Grand Mazarin ©DR
Nuitées diaprées
La créativité dans les espaces publics de l’hôtel transparaît également dans chacune des 50 chambres et 11 suites tout au format naturellement différent dans leur forme et leur disposition en raison de la bâtisse datant du 14ème siècle, ce qui leur confère un véritable cachet. Les intérieurs s’inspirent d’une gamme éclectique de styles allant de la Renaissance à la Belle Époque et s’animent via le savoir-faire d’artisans de talent avec lesquels Martin Brudnizki s’est associé pour magnifier chaque pièce. La Manufacture Pinton 1867 signe les tapis, la Maison Pierre Frey, les tissus décalés, Art de Lys en Flandre (vieux de 130 ans) pour les tapisseries, Henryot & Cie pour le mobilier et la Maison Lucien Gau, connue pour les luminaires en bronze qu’elle produit depuis 6 générations, a conçu les lampes sur mesure avec des pieds et des abat-jour décorés à la main par deux artistes : Laura Horrocks et Claudia Cauville. Coup de coeur pour les ciels de lit en tapisserie, les étoffes généreuses et le parquet en point de Hongrie et mention spéciale aux rideaux électriques de la chambre, aux toilettes nippones Toto (les meilleures au monde) et les produits parfumés Diptyque dans la salle de douche au carrelage moutarde!

Les superbes chambres @DR
Cuisine ashkénaze
Arborant les motifs végétaux des Ateliers Gohard, le restaurant Boubalé – mini nom tendre pour dire « ma petite chérie » en yiddish – se dévoile à la fois décalé et cosy et dont la ravissante vaisselle s’accorde à la déco. Le lieu allie les éléments d’origine des maisons de ville parisiennes – moulures au plafond, parquet, portes vitrées – teintés d’une touche rococo orientale. Pour le déjeuner et le dîner, la cuisine embrasse l’héritage juif ashkénaze du Marais et du chef étoilé Michelin Assaf Granit. Au menu? Ses plats dévoilent des influences d’Europe de l’Est et du Moyen-Orient, comme le selek-svekla (betterave rôtie à la feta et au raifort) ou le kaved katzutz (foie de poulet aux oignons caramélisés), le goulasch de joue de bœuf au paprika hongrois et aux gnocchis, et les kneidlach aux fruits de mer. Pour le petit-déjeuner, on y dévore un buffet à la saveur gauloise, avec pâtisseries, pain perdu et charcuterie.

Le bar du restaurant Boubalé ©DR
SPA onirique
Au sous-sol, on découvre en plus d’une salle de sport un SPA doté d’un jacuzzi et d’une piscine, véritable rareté dans le Marais, rendue encore plus singulière par un plafond voûté dont chaque centimètre carré est peint à la main par un talent à talonner de près: le parisien Jacques Merle. Sous une fresque en mosaïque fleurie de lotus, se dévoile un Narcisse encensant largement inspiré de l’univers de Jean Cocteau. Difficile de rester de marbre tout comme pour le projet dans son entier. Un ajout fabuleux à la scène hôtelière haut de gamme de Paris!

La fresque onirique de Jacques Merle dans la piscine du Grand Mazarin ©DR
Hôtel Le Grand Mazarin
17 Rue de la Verrerie, 75004 Paris, France
www.legrandmazarin.com
