Le corps, le cri et la cadence

Aria da Capo: entre partition et passion, les corps se cherchent au rythme des non-dits © Alexandre Ah-Kye

Après avoir fait trembler Avignon avec Absalon, Absalon!, Séverine Chavrier, la directrice de la Comédie de Genève revient en terres genevoises avec un double geste : l’un intime et brûlant, l’autre juvénile et lyrique! Elle y orchestre un diptyque vibrant — Occupations et Aria da Capo — deux partitions pour corps et conscience, deux battements d’un même cœur : celui du désir et de sa mise en scène. Du 19 au 23 novembre, le théâtre se fait laboratoire du sensible, terrain d’expérimentations où se mêlent pulsions, musique et mémoire.
Immersion dans une œuvre à fleur de peau, à fleur de son.

Occupations : anatomie du désir
Sous la lumière crue d’un espace fermé, quatre interprètes — danseurs, performeurs, acteurs — rejouent les tensions entre le féminin et le masculin, le privé et le politique. Chavrier s’inspire d’Annie Ernaux pour ausculter les blessures du désir : jalousie, manque, passion, tout ce qui serre et libère à la fois.

Occupations: L’intime mis en vitrine, le désir en état de siège © Louise Sari / Comédie de Genève

Les corps y sont pris dans un dispositif voyeuriste : enfermés, observés, traversés par les regards. Ce n’est plus seulement du théâtre, mais une radiographie du sentiment, un manifeste charnel. Judith Butler plane, les clichés se fissurent, l’amour devient une question d’angle et de peau.

Entre bibliothèque et hypermarché, les acteurs circulent parmi les étagères du désir contemporain : celui qui s’affiche et celui qui s’étouffe. La mise en scène devient une occupation, au sens politique comme intime du terme.

Aria da Capo : adolescence en ré mineur
Créé avec de jeunes musiciens, Aria da Capo est le souffle avant le cri. Un moment suspendu entre discipline et désir, apprentissage et vertige. Dans leurs chambres, les adolescents mêlent basson et frisson, sonates et secrets.

Aria da Capo: Une scène comme un battement suspendu entre lumière et pudeur © Alexandre Ah-Kye

Chavrier y capte l’âge où tout déborde : la musique comme une langue nouvelle, le corps comme un territoire inconnu. C’est une variation sur le thème du passage, un concerto pour doutes et battements de cœur, où le prosaïque frôle le sublime.

Deux notes pour une même voix
D’un côté, l’amour adulte et ses cicatrices ; de l’autre, l’éveil adolescent et ses incertitudes. Ensemble, ces deux pièces composent une symphonie du vivant, où la chair et le son deviennent matière dramatique. Séverine Chavrier y déploie sa signature : un théâtre qui écoute les silences du corps autant que ses cris, un geste total où la musique n’accompagne pas — elle habite.

Aria da Capo: Quand la jeunesse accorde ses désirs comme ses instruments © Alexandre Ah-Kye

À la Comédie, la scène devient un miroir sans tain : on y voit nos reflets, nos fêlures, nos élans. Entre ardeur et archet, Chavrier signe une partition sur l’amour, la liberté et la reconquête du soi.

Occupations : du 19 au 23 novembre 2025

Aria da Capo : du 21 au 23 novembre 2025

Comédie de Genève

Rue du Général-Dufour 16, 1204 Genève

www.comedie.ch