L’art marocain s’invite à Evian

De l’autre côté de la frontière, sur les rives du Léman, c’est dans la ville d’Evian-les-Bains que s’apprête à se dérouler un événement artistique et culturel qui nous embarque tout droit au pays du couchant. Ce dernier est chapeauté par l’association Léman Art, une association culturelle créée par la dynamique et solaire Lamia ElHark. Son objectif? Créer des résidences pour artistes du monde entier et les exposer ensuite. Ce premier opus s’intitule LEMAN AMBUSH et investit la magnifique villa du Châtelet, qui accueillera trois artistes aux univers aussi opposés que liés. Ainsi, durant un mois, Zineb Mezzour, Samy Snoussi et Idriss Karnachi vont créer, et seront par la suite exposés aux côtés de l’artiste à la renommée internationale Hassan Hajjaj. Un projet inédit qui pour sa première édition invite les acteurs de la scène artistique marocaine sur les rives du Léman pour un été à la saveur solaire. 

Trois artistes, trois univers, un seul pays

LEMAN AMBUSH initie sa première édition cette année et invite pour cette résidence inédite trois artistes de la nouvelle scène artistique marocaine à venir investir la Villa du Châtelet, à Evian. Un projet d’ouverture vers l’art, vers l’ailleurs, vers la création au-delà des frontières qui se concentre sur le Maroc pour cette première édition avec la présence d’artistes qui partagent un pays d’origine, mais s’illustrent tous dans des créations visuelles très diverses. Samy Snoussi a lui décidé de transposer son art dans la rue, devenant designer urbain. Un projet qui nait pour lui sur les murs des façades de Casablanca, où le blanc pur des façades immaculées vient se zébrer de motifs linéaires, énigmatiques, où des visages se distinguent, puis disparaissent au détour d’une ligne. Ici rien n’est acquis, c’est à l’observateur de l’œuvre de découvrir son motif dans ce travail du trait qui naît d’un désir spontané. Si les galeries d’art ont été conquises par ses créations, on observe avant tout ses œuvres sur les murs des villes européennes, mais aussi au Sénégal et en Egypte. Cette résidence en Haute-Savoie vient faire découvrir son esthétique au public local et alentour, avec l’espoir qu’il laissera ici aussi une ligne indélébile sur une façade oubliée. 

© Samy Snoussi

La deuxième artiste invitée est Zineb Mezzour, une autodidacte touche-à-tout maroco-suisse. Data scientiste de formation, elle est maintenant peintre, céramiste, et photographe autodidacte, injectant dans ses créations toutes ses passions. Pour sa résidence, c’est son projet aux couleurs azurs qui sera présenté, véritable signature de son travail. Au cœur de son œuvre, la nature, qui ici s’incarne dans des cellules organiques observées au microscope avec une attention toute particulière portée au mouvement continu et aux réactions chimiques. Des œuvres scientifiques dans leur démarche, mais qui nous parlent de lâcher prise et de confiance en la vie pour un rendu résolument poétique. Zineb Mezzour, seulement âgée de 26 ans, a déjà fait son entrée au Musée d’Art Contemporain Africain el Maaden à Marrakech (MACAAL) et réalise sa première exposition solo à Casablanca en 2021. Une artiste à l’avenir sans aucun doute radieux. 

©Zineb Mezzour

Dernier participant à ce premier opus du LEMAN AMBUSH, Idriss Karnachi, véritable globe-trotter sans cesse en quête d’inspiration et se perdant volontiers dans des cultures lui étant étrangères. Architecte et urbaniste de formation, il rejoint après ses études en France puis à Shanghai, une des firmes les plus célèbres du Maroc, Studio KO, notamment à l’origine du Musée Yves Saint Laurent de Marrakech. Son retour sur sa terre natale le pousse à explorer un univers créatif différent, et il entame alors sa carrière d’artiste à travers le collage. Inspiré par sa culture marocaine, ce sont les hommes et les femmes de son pays qu’il place au centre de ses créations les mêlant aux objets de la culture populaire et nous faisant plonger encore un peu plus dans cette terre solaire. 

© Hassan Hajjaj

Hassan Hajjaj, pop art entre Londres et le Maroc

C’est un génial touche-à-tout au départ photographe et designer qui allait devenir l’artiste pionnier du pop art marocain. Hassan Hajjaj a grandi entre le Maroc et Londres, deux influences très différentes qui lui permettent de s’inspirer à la fois de son héritage culturel et de la culture populaire britannique. Une rencontre entre deux pays qui va le mener à créer des œuvres pluridisciplinaires, avec la photographie au centre de ses créations. Ses portraits photographiques sont certainement les œuvres les plus emblématiques de son travail, réunissant en un seul et même support ses deux origines, ses deux inspirations. Ici, la culture populaire rencontre l’univers du souk pour aboutir à des créations pop, tout simplement uniques en leur genre. Cet été, l’artiste à la renommée internationale vendra exposer ses œuvres à la Villa du Châtelet aux côtés des créations des trois artistes en résidence invités. L’occasion pour les visiteurs d’observer en motifs et en couleurs l’art solaire et pétillant de cet autodidacte qui adore nous en mettre plein la vue.