La dernière note de Nott

Photo de l’Orchestre de Suisse Romande © Niels Ackermann, Lundi13
Jonathan Nott tire sa révérence en chef d’orchestre visionnaire. Mais pas question de faire tapisserie : la saison 2025–2026 de l’Orchestre de la Suisse Romande s’annonce aussi vibrante qu’un tutti bien mené.
C’est une fin de cycle comme on les aime : sans pathos, mais avec panache. Pour sa dernière saison à la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande, Jonathan Nott ne déroule pas un tapis rouge, il dresse un programme où les émotions valsent, où les œuvres s’affrontent et s’embrassent, et où les partitions contemporaines osent faire front aux grands classiques. La 107e saison de l’OSR ne joue donc pas les prolongations, elle affirme, elle flambe, elle réinvente.
Aurevoir au maestro mais pas au tempo
Après huit années de baguette créative, Jonathan Nott quitte la scène genevoise avec une série de concerts qui ont tout de la déclaration d’amour à la musique, à l’audace, au public. L’ouverture se fait sur une création mondiale – le Concerto pour piano n°2 de Beat Furrer, interprété par Francesco Piemontesi. Rien que ça. Et la clôture ? Un autre inédit, le Concerto pour alto de Jörg Widmann, confié à l’altiste de feu Antoine Tamestit. Entre ces deux bornes temporelles : des merveilles bien connues (le Requiem de Mozart, Ein deutsches Requiem de Brahms), des raretés (L’Enfant et les Sortilèges de Ravel, Escales de Ibert) et des clins d’œil très choisis à l’histoire de l’orchestre.
Les femmes mènent la danse
Dans les coulisses comme au pupitre, la parité prend le pouvoir. Karina Canellakis, Mirga Gražinytė-Tyla, Eun Sun Kim… Trois cheffes qui, chacune à leur manière, redessinent le paysage symphonique mondial, seront de passage à Genève. Leurs gestes précis, leur présence incandescente et leur répertoire sans concession annoncent des soirées aussi exigeantes que galvanisantes.
Des étoiles sur scène et des notes en voyage
L’OSR reste fidèle à son amour des jeunes talents : Himari, prodige du violon à peine sortie de l’enfance, ou encore Georgijs Osokins, pianiste letton à la sensibilité étourdissante, viendront électriser le Victoria Hall. Et comme Genève ne suffit plus à contenir l’élan de l’orchestre, une tournée européenne emmènera les musiciens à Hambourg, Paris, Copenhague… Le monde pour scène, toujours.
Un orchestre qui écoute son époque
Ce que cette saison nous dit en filigrane ? Que la musique classique n’a jamais été un musée. Elle bouge, elle dialogue, elle se remet en question. Et l’OSR, sous la direction de Jonathan Nott, aura su ouvrir des fenêtres là où d’autres empilaient les cadres dorés. Avec cette saison 2025–2026, l’orchestre clôt un chapitre brillant, mais garde son feu sacré. Et nous, on garde notre place.
Orchestre de la Suisse Romande
Rue Bovy-Lysberg 2, 1204 Genève
Tél. 022 807 00 00
www.osr.ch
