JÉRÔME ZONDER : ANATOMIE DE LA MÉMOIRE

Installation View. Les enfants du paradis, GOWEN, Geneva, CH, 2025. © Julien Gremaud

Une invasion de dessins en noir et blanc : voilà ce que propose la galerie Gowen en cette fin de printemps, avec un solo show inédit de l’artiste parisien Jérôme Zonder. Ses créations, réalisées au fusain et à la mine de plomb, habillent totalement les murs de cet immense espace d’exposition de la Grand-Rue, métamorphosant la galerie en une installation artistique totale et immersive. Un parti pris audacieux qui entraîne le visiteur dans un monde mêlant pop culture, histoire de l’art et mémoire. À découvrir absolument avant le 5 juillet !

Impossible de passer à côté sans s’arrêter pour regarder. Habituellement si immaculés, les murs de la galerie d’art contemporain Gowen sont désormais méconnaissables, recouverts d’un enchevêtrement de dessins en noir et blanc sur papier, toile et tissu. Formant un tout presque organique, cette nouvelle exposition propose une plongée immersive et absolue dans l’univers singulier de Jérôme Zonder. Intitulée « Les enfants du paradis », en référence au film de Marcel Carné sorti en 1945, l’exposition rassemble pas moins de quatre-vingts dessins, essentiellement au fusain et à la mine de plomb, les techniques de prédilection de l’artiste. Curaté par Jérôme Zonder lui-même, ce solo show unique, initié par Laura Gowen dont l’œil avisé n’est plus à démontrer, explore des récits composites où les références socio-culturelles universelles s’entremêlent et s’entrechoquent.

Installation View. Les enfants du paradis, GOWEN, Geneva, CH, 2025. © Julien Gremaud

Dans les espaces de la galerie, des figures iconiques de la pop culture issues de dessins animés, comme Sailor Moon, Hamtaro, Astérix et Obélix ou encore Panpan, côtoient des incontournables de la musique ou du septième art dont Michael Jackson ou Michael Myers, le célèbre croque-mitaine imaginé par John Carpenter, ou encore des symboles du capitalisme : une bière Heineken ou le logo McDonalds accompagné du slogan « Venez comme vous êtes », inscrit en écriture gothique. En plus de ces représentations, des références à l’histoire de l’art telles que le Christ aux outrages et un détail de l’Incrédulité de saint Thomas, ainsi que des bribes historiques dont des Unes de journaux français et une représentation saisissante d’un camp de prisonniers en Algérie, comme une piqûre de rappel, ramenant le visiteur dans la noirceur du monde réel. Son approche sensorielle du dessin se ressent outre les sujets représentés, puisque l’artiste utilise aussi ses propres mains pour dessiner, mêlant avec intensité et génie son corps et son esprit au sein de sa création. Un processus personnel et audacieux, qui résonne presque comme une forme d’exorcisme sacré de notre société et de la condition humaine. Plus loin, des portraits de personnalités connues sont reproduits sur des t-shirts blancs, sortes d’icônes modernes. Considérée dans son ensemble, l’exposition se dévoile comme une œuvre d’art totale où les dessins accrochés à même les murs se superposent ingénieusement, formant une fresque moderne à la narration sagace. Entre dessins hyperréalistes, dessins d’enfants et dessins d’anatomie, Jérôme Zonder explore le concept de violence via divers paradigmes. Son œuvre immersive se construit comme un parcours spatial et mental alimenté par une approche sociologique et historique percutante, encourageant la réflexion autour de notre société. Une impressionnante métamorphose où chacun y voit le reflet de son environnement et de sa propre condition, et qui se déploie au fil des salles comme un troublant voyage au travers de l’archéologie du présent. 

Installation View. Les enfants du paradis, GOWEN, Geneva, CH, 2025. © Julien Gremaud

Né en 1974, Jérôme Zonder vit et travaille à Paris. Internationalement reconnu, son travail a été présenté à de nombreuses reprises lors d’expositions personnelles dans des institutions prestigieuses dont la Maison Rouge – Fondation Antoine de Galbert à Paris en 2015, le domaine du Château de Chambord en 2018, le Casino Luxembourg en 2023 et le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme en 2024. Il a également été exposé en Suisse, au Musée Tinguely de Bâle, en 2016, ainsi qu’au Musée des Beaux-Arts du Locle et à la Galerie C à Neuchâtel en 2019. Représenté par la galerie Nathalie Obadia en France, il est désormais représenté en Suisse par la galerie Gowen. Une collaboration qui s’annonce déjà épique !

Installation View. Les enfants du paradis, GOWEN, Geneva, CH, 2025. © Julien Gremaud

Les enfants du paradis, Jérôme Zonder
Jusqu’au 5 juillet 2025

Gowen Contemporary
Ouvert du mardi au vendredi, de 10h à 18h30 & le samedi de 11h à 17h
Grand-Rue 23, 1204 Genève
www.gowen.art