GISELLE(S) de Pietragalla

Ce mois-ci, on a vu GISELLE(S) du Théâtre du Corps Pietragalla – Derouault, et une chose est sûre : on n’était pas prêt. Ce qu’on a vécu, ce n’était pas juste un ballet contemporain. C’était un choc, une vague, un cri. Une claque artistique et émotionnelle.
Sur scène, ce n’est plus la Giselle romantique de 1841. C’est une femme d’aujourd’hui. Une femme trahie, brisée, en colère – mais aussi une femme debout. Et ce que Pietragalla et Derouault en font… c’est bouleversant.
Le premier acte nous a glacés : des scènes de couple réalistes, dérangeantes, parfois dures à regarder. Ça parle d’emprise, de violence, de silence. Et tout est dit par le corps. Quand le deuxième acte commence, on entre dans un autre monde. Un monde de spectres, de femmes mortes, mais pas oubliées. Des willis en furie, prêtes à traquer leurs bourreaux. La danse devient une armée. On ne savait pas qu’on pouvait crier aussi fort sans dire un mot. C’était sublime.
Et puis il y a elle. Pietragalla. Sur scène. Présente, puissante, souveraine. Elle incarne la reine des willis avec une telle intensité que la salle retenait son souffle. Les 17 danseurs autour d’elle forment une véritable communauté de corps, un chœur dramatique. La musique, entre classique et sons contemporains, nous enveloppe, nous percute.
On ne s’attendait pas à ça. On est reparti bouleversé, avec le cœur serré et les larmes aux yeux. GISELLE(S), c’est un hommage aux femmes qu’on ne voit pas, qu’on ne croit pas, qu’on fait taire. C’est aussi un espoir, une force collective. Une œuvre nécessaire.
