ENTRETIEN AVEC JAN KOUNEN

Eclectique. Si ne serait-ce qu’un adjectif devait décrire la carrière de Jan Kounen, celui-ci s’y prêterait bien. Passé par la publicité, le réalisateur natif d’Utrecht s’est essayé à tout type de formats : courts, longs, documentaires, série, clips vidéos et plus dernièrement réalité virtuelle. C’est justement lors de sa venue immersive au Geneva International Film Festival que Go Out! a pu converser avec cette fantasque figure du ciné de l’hexagone.

Pour le GIFF 2019, vous présentez trois œuvres immersives : 7 Lives, Ayahuasca – Kosmik Journey et -22.7°C.  Quel fut votre premier contact avec le monde de la réalité virtuelle ? 

La première fois que j’ai expérimenté la réalité virtuelle c’était lorsqu’on m’a proposé de réaliser le projet 7 Lives. Charles Ayats et Marie Blondiaux m’ont montré une succession d’œuvres immersives car à cette époque j’étais totalement étranger à ce milieu. Pour moi la VR c’est le fantasme de tout cinéphile, c’est-à-dire casser la frontière entre fiction et réalité, un peu comme dans La Rose Pourpre du Caire de Woody Allen. Cette faculté d’interagir avec le récit m’a toujours fasciné. 

Serait-ce l’avenir du cinéma à long terme ? 

Je pense que la VR va nous permettre d’explorer de nouveaux territoires émotionnels mais de là à égaler, voir remplacer le cinéma, je ne pense pas non. Les œuvres immersives se rapprochent davantage du cinéma expérimental car elles ne reposent pas uniquement sur la trame de l’histoire, mais bien sur le côté sensoriel de la chose. Au cinéma, le but recherché est de conter une histoire, la VR elle, s’évertue à proposer une expérience, comme c’est le cas avec Ayahuasca Kosmik Journey par exemple. 

Autre réalisation projetée au GIFF, votre web-série The Show, quelle fut la genèse du projet ? 

Réaliser The Show c’était prendre part à une aventure résolument libre en matière de création. J’ai pu choisir directement quels acteurs je voulais sans passer par la case casting, ce qui est plutôt rare de nos jours. La thématique de la série n’est pas sans rappeler 99 francs, c’est-à-dire un pamphlet qui possède cette capacité de questionner le spectateur. 

En tout cas j’ai pris beaucoup de plaisir dans ma réalisation, avec certes moins de moyens que d’accoutumé mais plus de liberté. 

Votre prochain film, Mon Cousin, est prévu pour Avril 2020, vous pouvez nous en dire un peu plus ? 

Je suis quelqu’un qui aime faire des films très différents, aussi bien au niveau du genre que du script. Réaliser Mon Cousin, c’est l’occasion de m’attaquer aux comédies qui m’ont bercé quand j’étais gosse, en y ajoutant une certaine dose féérie. Je suis vraiment très heureux de faire ce film, qui plus est en compagnie du tandem Vincent Lindon / François Damiens. 

On doit s’attendre à un triple caméo : vous, Gaspar Noé et Albert Dupontel. 

Oh vous vous êtes bien renseigné ! Albert nous avait demandé, à Gaspar et moi, de faire un caméo dans son film Neuf Mois Ferme. Et en guise de réponse j’ai décidé de faire la même chose dans mon prochain film, c’est un petit clin d’œil ! 

Une anecdote à nous raconter sur le film 99 Francs ? 

J’en ai plusieurs. Lorsque Octave donne de la coke au hamster de l’open space, et que celui-ci fini par faire une overdose, aucune bête n’a été tuée sur le tournage je vous rassure ! 6 mois avant on avait demandé à un éleveur de rongeurs de nous congeler un hamster mort pour les besoins de cette scène, et la post-prod a fait le reste. Je me souviens d’une scène totalement improvisée par Jean Dujardin et Jocelyn Quivrin qu’on a gardé au montage. Des gants de boxe trainaient sur le plateau, Jocelyn commence à les enfiler et Jean le suit dans son délire, mais ce n’était absolument pas prévu dans le script ! 

Lors de la réalisation de la scène d’Octave adolescent en train de se masturber on s’est vraiment marrés car on a collé la tête de Jean sur le corps du jeune figurant et le résultat était franchement drôle, si bien que j’avais gardé le rush sur un Ipod. Lors des derniers jours de tournage au Venezuela je me souviens que Jean n’arrêtait pas de me demander mon ipod pour re-visionner la scène plusieurs fois dans la journée avec toujours le même entrain ! 

Comment votre court métrage Vibro Boy s’est retrouvé dans une scène du film Le Bonheur est dans le pré ? 

C’est tout simple, Etienne Chatillez a vu mon court métrage et l’a intégré dans une scène de son film. Lors du tournage de Dobermann, on a voulu lui rendre la pareille en projetant la fameuse scène afin de créer un film dans le film. Et dans ce cas-là il faut avoir l’aval des acteurs. Hélas on n’a pas pu joindre Eric Cantona pour obtenir son accord, donc à la place j’ai intégré mon autre court métrage, Gisèle Kérozène.  

Votre dernière claque cinématographique ? 

J’ai récemment vu le long-métrage fantastique Border sur conseil de Gaspar Noé. Je me suis pris une claque ! Un conseil cependant, allez-le voir sans regarder au préalable le pitch ou les bandes annonces, histoire de perdre totalement vos repères.