Éléphant : un concert de corps et de sonorités

Et si en ce mois de novembre, nous nous aventurions dans un univers où la grâce fusionne avec la passion, où chaque mouvement se transforme en une splendide poésie visuelle? Afin de vivre une telle expérience, la Ville de Vernier nous invite à découvrir « Éléphant », une chorégraphie conçue par la talentueuse Bouchra Ouizguen, qui se déroulera le 10 novembre prochain. Le public n’aura aucun mal à s’abandonner à l’envoûtante harmonie des corps en mouvement ainsi qu’à  la musique qui raconte des histoires sans mots.
Coup de projecteur sur ce ballet intense. 

Le spectacle Éléphant de Bouchra Ouizguen s’érige en une cérémonie envoûtante, imprégnée des traditions populaires marocaines, mettant en scène des artistes, chanteuses et musiciennes ayant baigné dans la musique et la danse dès leur plus jeune âge. Comme prélude à l’événement, deux servantes, équipées de sceaux et de serpillières, nettoient le sol comme s’il s’agissait de préparer une cérémonie imminente. Au milieu de volutes d’encens, une danseuse, vêtue d’une tunique aux couleurs chatoyantes et coiffée d’un voile partiel, tournoie gracieusement. Elle est bientôt rejointe par d’autres femmes, parées de costumes somptueux, formant ainsi un tableau éblouissant. « Eléphant est la suite de mes créations. Il est aussi un commencement, une sorte d’espoir quand tout ce qui nous entoure tend à disparaître. Je cherche ce qui se transmet, ce qui parle d’humanité. Un acte collectif où pourrait exister un cheminement vers soi, qui ne renie pas l’Homme », explique la chorégraphe lorsqu’elle présente son travail. 

Éléphant de Bouchra Ouizguen ©DR

L’énergie sauvage du corps et du cri dans la Simplicité de la Présence
Bouchra Ouizguen excelle dans la création de performances authentiques et percutantes, où les artistes se libèrent avec une énergie sauvage, explorant la violence organique du corps et du cri. Éléphant ne fait pas exception à cette lignée. Dans une simplicité totale, émerge un art de la présence d’une intensité remarquable, où le corps et la voix fusionnent harmonieusement. Le chant, à la fois magnifique et sauvage, résonne en harmonie avec les darboukas, ces petits instruments de percussion en terre cuite, joués avec une énergie inépuisable par des interprètes animés d’une passion ardente. Les chants rythment les montagnes russes émotionnelles des artistes, oscillant entre la joie et la douleur. Alors que le spectacle touche à sa fin, l’allégresse laisse place à une plainte, exprimée dans une douleur profonde et lancinante, d’une intensité déconcertante. Tout s’évanouit, mais le temps suspendu demeure empreint de vie et de profondeur. Dans ses différentes interviews, l’artiste explique comment le son et la musique interviennent dans cette mythologie imaginée en rappelant de manière magique des périodes temporelles qui, au fil du temps, semblent inexorablement s’effacer : des chants et des musiques puisés dans le riche répertoire populaire marocain, réanimés par un chœur de musiciennes venues d’une époque lointaine.

Éléphant s’impose comme une célébration captivante de la créativité authentique, mettant en avant la puissance du corps, de la voix et de la tradition marocaine. Cette performance immersive invite le public à un voyage unique à travers l’art de la présence, où la danse et la musique fusionnent pour raconter des histoires émotionnelles riches et intenses. Ce ballet  perdure bien au-delà du rideau final, laissant une empreinte durable dans l’âme de ceux qui ont eu la chance de le vivre.

Éléphant de Bouchra Ouizguen ©DR