D’un musée deux coups

Que se passe-t-il quand un plasticien a carte blanche dans les collections d’un musée consacré à la céramique ? Et à quoi ressemble l’art quand il est bon pour la santé ? Deux questions auxquelles répond le Musée de l’Ariana avec ses expositions à découvrir jusqu’à la fin de l’été. D’un côté, Alexandre Joly s’empare des formes et des motifs des vases de l’Extrême-Orient, tandis que dans l’espace consacré à l’art contemporain, Hubert Crevoisier pare ses créations de couleurs bonnes pour notre santé. Deux expositions, deux univers, avec pour éternel point commun la précieuse céramique.

Vases communicants c’est au départ une carte blanche laissée à l’artiste français Alexandre Joly. Dans les réserves du musée renfermant des merveilles de céramiques, il déambule et tombe sous le charme des créations provenant de Chine et du Japon. Au cœur de ce projet, des vases traditionnels aux formes caractéristiques et toujours ornés de riches décors empruntant à l’iconographie locale et aux symboles de l’Extrême-Orient. En prenant ces créations comme point de départ, l’artiste plasticien s’empare de leurs formes galbées et de leurs dessins colorés où la nature tient une place de choix pour à son tour créer. De cette rencontre entre le passé et le présent naît alors Vases communicants, une exposition travaillée en collaboration avec le graphiste Sylvain Leguy et le compositeur Daniel Zea, où le public découvre une mise en abyme de ces objets en céramique. En reprenant les motifs, mais également en travaillant sur le son, les notions de vide et de plein, créés par ces vases, Alexandre Joly nous entraîne dans un voyage à travers une réalité parallèle. Une occasion en or de découvrir ces pièces rares de la collection, le tout à travers le prisme de l’art contemporain. Une expérience à la croisée des temps qui démontre une nouvelle fois l’intemporalité de la céramique et la fascination qu’elle continue de susciter. 

Alexandre Joly ©Boris Dunand / Ariana

Dans la salle réservée aux créateurs contemporains, nous pénétrons dans un monde identique par la variété et l’importance de la couleur. Mais pour Hubert Crevoisier, ce n’est pas une plongée dans le passé qui nous est proposée, mais bel et bien une plongée dans le monde intérieur de l’artiste. L’exposition « Je suis bleu, je suis jaune, je suis verre… et je vois rouge ! » est avant tout un voyage sensoriel, où nous pénétrons aussi bien visuellement que physiquement dans un monde de couleurs et d’émotions. Ses créations délicates faites de verre ont pour objectif de provoquer une réaction, une sensation, de créer une émotion, qui sera guidée par le choix de la couleur. Au-delà de ce travail direct sur l’humain qui transpire dans toute l’œuvre d’Hubert Crevoisier, l’artiste a souhaité aller encore plus loin en organisant un colloque portant sur le thème de l’art de la santé. En partenariat avec les Hôpitaux universitaires de Genève, ce colloque réunira des experts issus des mondes de la santé, de l’art et des sciences pour explorer les effets procurés par l’art et le travail de créativité sur le bien-être de l’humain. Une exposition qui ne peut que nous faire du bien.

« Je suis bleu, je suis jaune, je suis verre… et je vois rouge ! » de Hubert Crevoisier