Concours de Genève: partition d’émotions

Partition vivante. Entre les portées, le regard du maître et l’attente du prodige, le son avant le son (c) Cédric Widmer
À Genève, les jours s’accordent comme des cordes sensibles. Le 31 octobre 2025, la ville entre en résonance : le Concours de Genève déploie sa portée, entre souffle et silence, entre gestes suspendus et archets frémissants. Direction d’orchestre et alto s’y croisent comme deux battements d’un même cœur — l’un conduit le vent, l’autre le retient. Dès l’aube, les baguettes sculptent l’invisible ; au soir, les cordes avouent leurs failles.
Immersion dans ce concours où l’excellence se joue à bout de souffle, où le talent se mesure à la ferveur, et où chaque note cherche moins à briller qu’à émouvoir.
Quand la direction s’installe
Avant que les archets ne pleurent, la baguette parle. Du 31 octobre au 3 novembre, Genève se met au garde-temps : sur le pupitre, les jeunes chefs ne battent pas seulement la mesure, ils sculptent le silence. Face aux musiciens, ils domptent l’air, commandent l’élan, cherchent la nuance entre tension et abandon. Chaque geste devient langage, chaque regard une clé de sol.
Mais ce n’est qu’un prélude, une respiration avant la tempête : les demi-finales et finales de direction se joueront en 2026 — le temps que le souffle prenne forme, et que les baguettes trouvent leur étoile.

La main qui sculpte le silence. Geste suspendu, onde invisible quand la baguette devient souffle (c) Cédric Widmer
Viola : la voix de l’âme
À partir du 4 novembre, c’est l’alto qui prend la parole — ce timbre grave, charnel, qu’on dit souvent discret mais qu’ici, Genève place au centre. Trente-huit violistes venus du monde entier font vibrer les murs de la ville jusqu’au 12 novembre 2025, dans un dialogue intime entre chair et corde. Ils ne jouent pas, ils confient. Leurs archets tremblent, leur regard s’embrase, leur souffle frôle l’absolu.
Sous l’écoute bienveillante d’un jury d’exception — Tabea Zimmermann, Tomoko Akasaka, Ettore Causa, Hsin-Yun Huang, Cynthia Phelps, Jean Sulem, German Tcakulov — chaque interprète cherche la note qui dévoile plus qu’elle ne démontre. Le point d’orgue : la finale d’alto le 12 novembre, portée par l’Orchestre de la Suisse Romande à la Victoria Hall — un moment suspendu, presque sacré.

L’alto, cœur battant du concours. Cordes tendues, émotions à vif : l’instrument murmure là où la voix se tait (c) Cédric Widmer
Entre rivalité et résonance
Ici, la compétition n’a rien d’un combat. C’est une conversation — à demi-mots, à plein cœur. Les chefs cherchent la main qui éclaire, les violistes la note qui avoue. Ils ne s’affrontent pas, ils se répondent. Les gestes tracent, les corps s’accordent, et l’émotion, parfois, déborde la partition. À Genève, on ne gagne pas, on s’accorde!
Transmission, souffle, héritage
Au-delà des épreuves, le Concours de Genève reste un atelier de l’avenir. Masterclasses, créations, concerts-satellites : ici, l’art circule comme un secret bien gardé. Chaque note devient passe, chaque regard passage — du maître à l’élève, du geste à l’âme. Chaque année, la discipline change, mais l’esprit demeure : piano, flûte, clarinette, violoncelle, voix ou percussions… et cette fois, l’alto, roi discret des émotions profondes.
Finale : quand le silence devient accord Quand le 12 novembre, le dernier archet s’abaisse, ce n’est pas un point final — c’est un écho. Une vibration qui s’attarde dans l’air, un souffle qu’on retient pour ne pas rompre le charme. Le Concours de Genève cultive cette beauté rare : celle du vrai, du nu, du fragile. Ici, l’excellence se dévoile en frisson partagé.
Concours de Genève 2025
Du 31 octobre au 12 novembre
Victoria Hall & Bâtiment des Forces Motrices
