Charlito: un parcours dreamatique

Charlito ©DR

Nombreux sont les obstacles qui rendent nos rêves irréalisables. Charlito, lui, a tiré sa force de ces défis pour réaliser le sien. Ces épreuves ont façonné son identité artistique qui se résume à sa gimmick « profonde est la vie ». Grâce à son talent, sa détermination et au soutien de la fondation Étoile Filante, son clip « Dramatique » a vu le jour. Nous étions présents à son vernissage et avons pu discuter avec lui de cette réalisation, de ses inspirations et de ses projets futurs.

 

Votre identité artistique s’est forgée de votre parcours personnel migratoire. D’où venez-vous?
J’ai grandi en Guinée Conakry où j’ai toujours été un rêveur, souvent plongé dans mes pensées et mes créations musicales. En 2016, à l’âge de 11 ans, j’ai quitté mon pays natal pour la Suisse, seul, en quête de soins médicaux appropriés et de meilleures opportunités. J’ai rejoint mon père qui m’a rapidement intégré aux organisations d’aides locales. Ce n’est pas facile de vivre loin de son pays, surtout de ma mère, en sachant qu’elle continuait de mener une vie difficile là-bas.

Comment avez-vous découvert votre passion pour la musique, et plus particulièrement pour le rap ?
Ma passion pour la musique remonte à mon enfance. Je suis le seul dans ma famille à être passionné par cet art. A l’époque, j’écoutais beaucoup Akon et 50 Cent, Maître Gims ou encore l’artiste guinéen Instinct Killer. En arrivant en Suisse, j’ai eu l’occasion de participer à un atelier d’écriture en 2018, et c’est là que l’inspiration est venue comme un feu d’artifice. C’était un moyen pour moi de transformer mes rêves et mes pensées en paroles.

Que représente pour vous l’écriture ?
L’écriture est pour moi un moyen de transmettre des émotions et des messages que je ne pourrais pas exprimer autrement. C’est une façon de nettoyer mon cœur et de me libérer de mes fardeaux émotionnels. Quand j’écris, je transforme tout ce que j’ai sur le cœur en rap. Cela m’a énormément aidé à traverser des périodes difficiles.

Pouvez-vous nous parler un peu du syndrome de Nail Patella et de la manière dont il affecte votre vie quotidienne et votre parcours artistique ?
Le syndrome de Nail Patella est une maladie héréditaire qui a sérieusement affecté ma vue et provoqué des souffrances cérébrales. Cela prend du temps pour moi d’accomplir certaines choses, et il est important que les gens que je côtoie soient patients avec moi. Cette expérience de vie m’a fait grandir avant l’heure. J’ai évolué dans des conditions difficiles, marquées par des rejets constants depuis ma naissance. En Guinée, la notion de handicap est mal comprise. Là-bas, on te considère comme un sorcier, et les gens te fuient. Artistiquement, cela a influencé ma perspective et ma créativité, et m’a poussé à aller au-delà des apparences pour explorer la profondeur de mes émotions et expériences.

Charlito ©DR

Quelle est votre philosophie de vie ?
Ma gimmick est « profonde est la vie ». Mon entourage me trouve réfléchi, mature et philosophique. J’aborde les choses en profondeur, rarement en surface. Que ce soit dans mes relations, dans le rap ou dans les liens que je crée, j’ai besoin de temps pour échanger et me connecter.

Quel a été votre ressenti lorsque la Fondation Étoile Filante vous a proposé de réaliser votre rêve de tourner un clip pour l’une de vos chansons ?
Lorsque la Fondation Étoile Filante m’a proposé de réaliser un clip pour ma chanson, c’était comme un rêve devenu réalité. J’étais à la fois excité et reconnaissant. C’était une opportunité incroyable de partager ma musique avec un public plus large et de montrer que, malgré les défis, il est possible de réaliser ses rêves.

Comment s’est passée la collaboration avec le rappeur et réalisateur genevois Fluide pour la réalisation de votre clip ?
La collaboration avec Fluide a été exceptionnelle. Nous avons travaillé ensemble tout l’été 2023. Dès le début, nous étions sur la même longueur d’onde. L’expertise de Fluide a été indispensable à la réalisation de mes idées. Le processus de création du clip a été intense et enrichissant. J’avais déjà écrit la chanson depuis longtemps, et l’inspiration est venue d’un rappeur albinos, Kalash Criminel. Pour le tournage, nous avons choisi des lieux spécifiques à Genève et invité des amis pour jouer les figurants. Le tournage s’est déroulé sur deux jours, et malgré la pression et le stress d’être devant la caméra, j’ai réussi à relever le défi.

Quels sont vos projets futurs dans la musique ? Avez-vous d’autres rêves ou objectifs que vous aimeriez réaliser ?
Mon prochain projet est de réaliser un nouveau clip pour une chanson dont l’instrumental est un peu plus rapide. J’aime les mélodies profondes et réfléchies, et je veux continuer à explorer ces thèmes dans ma musique. Mon rêve ultime est de toucher des millions de personnes avec mes créations et d’inspirer ceux qui vivent avec des handicaps ou qui font face à des défis similaires aux miens.

Quel message aimeriez-vous transmettre aux jeunes qui, comme vous, vivent avec une maladie ou un handicap, mais qui ont des rêves et des passions ?
Mon message est d’utiliser vos passions comme un moyen de vous exprimer et de vous connecter avec le monde. Votre condition ne définit pas votre potentiel. Il est possible de réaliser ce qui semble impossible, et il est important de croire en soi et de persévérer.