Casti: Cantique de cuisine, chronique de cœur
Casti, lettres d’or sur vitrine nocturne — la promesse d’une Italie intime qui s’éclaire dès qu’on pousse la porte (C) Studio Paw
Place de la Synagogue, une arcade s’est rallumée comme une braise toscane sous le vent du Léman. Son nom ? Casti. Un mot qui sonne comme un baiser de village, un poème de pasta, une poésie de pancetta. Ici, l’Italie n’est plus une carte postale : elle devient cantine de cœur, cathédrale de carbonara, chapelle de souvenirs mijotés. Tout respire l’huile d’olive, le soleil qui persiste, la famille qui insiste. Plongée dans un repaire qui roule le “r” comme on roule les pâtes : avec passion, précision et un soupçon de provocation.
Casti, c’est Sacha Nadim qui ressuscite l’Italie de ses racines abruzzaises comme on rouvre un album qu’on croyait perdu. Une trattoria 2.0, chic mais jamais chichiteuse, où les recettes familiales reprennent le trône — fières, franches, flamboyantes. Ce patrimoine culinaire et de restaurateur, Sacha ne l’a pas appris : il l’a absorbé, respiré, vécu. Et il le déploie aujourd’hui à Genève avec la même intensité. Une adresse qui raconte les Abruzzes sans folklore, la ville sans arrogance avec l’appétit d’un dimanche midi en famille.
Alex Milankovic et Sacha Nadim (c) Studio Paw
Trattoria chic, cœur rustique
Pierres patinées, bois chaleureux, bar qui brille comme un bijou discret, photos en noir et blanc qui racontent une odyssée familiale. L’endroit a ce rare don : il accueille comme une maison, mais impressionne comme une adresse. Une trattoria de ville avec une âme de village. Un lieu où l’on trinque comme à Naples, où l’on parle comme à Rome, où l’on rit comme à Milan — mais sans prendre l’avion. A notre première visite, on y a même rencontré des amis d’enfance italiens.
Le bar de Casti : cuivre, chaleur et verres suspendus. Une scène à l’italienne où l’on trinque avant de se laisser entraîner vers les Abruzzes (C) Studio Paw
La cuisine: une ode aux racines qui mijotent
Avant même d’ouvrir la carte, Casti vous chuchote déjà à l’oreille. Ici, la cuisine n’est pas un service : c’est une scène, un théâtre d’arômes où chaque plat entre en piste comme un personnage principal. Une dramaturgie de poêles, une chorégraphie de casseroles, un ballet d’huile d’olive qui scintille sous les projecteurs d’un midi d’Abruzzes.
On y sert la mémoire en mains propres, la tradition en technicolor, la simplicité en haute voltige. Une cuisine qui claque, qui chante, qui cajole — et qui prouve que les recettes de famille sont parfois les plus révolutionnaires. Nos crushs?
L’artichaut frit, fleur croustillante couronnée de crème chaude : un baiser romain revisité, simple et somptueux (c) Studio Paw
Les sagne di Castiglione
Des pâtes taillées comme des confessions, nappées de pancetta, de saucisse au fenouil et du poivron doux de Castiglione. Le plat signature comme un retour aux sources, un “ti ricordi ?” (Tu te souviens? en italien) posé sur la langue.
Les antipasti qui attisent
Artichauts frits croustillants comme un secret qu’on confesse, polpette moelleuses comme une promesse tenue, burrata qui fond comme une excuse pardonnée.
Le poulpe rôti, star sensuelle de la mer : crousti-fondant, rouge carmin, vibrant comme une vague apprivoisée (c) Studio Paw
Le poulpe rôti
Un poulpe comme un poème de braise : rôti avec patience, laqué de tendresse, ferme sous la dent mais fondant comme une confidence chaude. Un plat qui ondule entre terre et mer et qui rappelle que la simplicité, quand elle est bien maîtrisée, peut être souveraine.
Les pâtes maison
Elles ne sont pas faites — elles sont façonnées! On dirait des bracelets d’or comestibles, des souvenirs roulés sous la main, des rubans qui racontent la mer ou la montagne. Parfois à la poutargue, parfois aux fruits de mer, toujours avec ce petit truc en plus qu’on n’explique pas… parce que c’est la famille!
Chez Casti, on vient retrouver un goût ancien, un geste transmis, une chaleur qui dépasse la salle, la carte et les fourneaux. C’est un lieu qui respire la famille comme d’autres respirent le romarin, qui sert la générosité comme une religion douce, qui rappelle que la cuisine italienne n’est jamais juste un plat — c’est un patrimoine qui palpite.
Ici, les Abruzzes s’invitent à Genève sans passeport, les souvenirs mijotent dans la même casserole que les ambitions, et chaque bouchée raconte une histoire que l’on croyait avoir oubliée.
Casti
Place de la Synagogue 2, 1204 Genève
Mardi–samedi 12h-14h30 / 18h30-23h Réservations : +41 22 337 40 95