Cap sur l’île ressourcée

Bahamas, Ocean Cay MSC

Au large de Miami, le défi d’un ancien site industriel réhabilité en éden écotouristique. 

 

Par Bernard Pichon

Imaginez 48 hectares de sable fin, cocotiers et lagon turquoise aux confins des Bahamas ! Difficile de croire que cette île de rêve n’était – il n’y a pas si longtemps encore – qu’une friche industrielle saturée de déchets. Pour en saisir le potentiel, il aura fallu la vision du croisiériste suisse MSC, dont le siège est à Genève (et la « marraine historique» Sophia Loren !)

Les concurrents – Holland America Line, Disney Cruises, Royal Caribbean ou Norvegian – avaient déjà eu l’idée de dédier des îlots perdus à l’agrément exclusif de leurs passagers (retour sur investissement: contrôle de l’accostage, détermination du flux touristique, retombées financières d’une clientèle captive). 

A cette mouvance commerciale, MSC Croisières ajoute l’argument écologique: Ocean Cay est aussi une réserve naturelle de biodiversité, géré avec une Fondation et une équipe d’experts environnementaux. Mission de ces spécialistes:  y implanter des espèces de coraux assez résistants pour survivre à la hausse des températures océaniques. Certains oiseaux sont déjà revenus dans ce laboratoire du vivant, où l’on a aussi enregistré les premières éclosions de tortues caouannes. On a alors limité le va-et-vient et atténué l’impact des lumières artificielles dans leurs zones de ponte. Parallèlement, les requins prédateurs sont tenus à distance. 

Bahamas, Ocean Cay MSC Marine Reserve
Photo credit: Conrad Schutt

Un investissement colossal

Cette philosophie de tourisme responsable s’exprime aussi dans le recours à l’énergie solaire pour les différentes activités. Une façon de se faire pardonner l’impact environnemental des « villes flottantes » ? L’armateur avance ses efforts constants pour limiter ses nuisances en mer, notamment par l’usage progressif de fuel moins polluant (lire encadré).

Il aura fallu tout (ré)aménager sur ce lopin de terre devenu station balnéaire; quatre ans de chantier et un endettement sur un siècle (coût estimé: plus de 200 millions de francs). Le résultat est bluffant: là où traînaient des milliers de tonnes de ferrailles, 75.000 plantes et arbustes ont été plantés. Il a fallu également recréer un lagon pour conférer à l’île une « beauté originelle ». De vastes plages ponctuées de parasols colorés – et sans parrainage publicitaire – concourent à la photogénie du site, où même les logements du personnel (200 employés) répondent aux critères d’une architecture caribéenne idéalisée. Un phare décoratif a été planté dans ce cadre photogénique. La nuit venue, il devient la star d’un show d’éclairages LED.

Dolce vita

Contrairement aux escales traditionnelles, souvent trop courtes, les vacanciers – près de 10.000 hebdomadaires – peuvent profiter de toute une journée pour nager, bronzer, plonger…et consommer dans les restaurants, bars et autres boutiques d’Ocean Cay, dont les différents secteurs sont sillonnés par une flottille de bicyclettes et voiturettes électriques. 

Interrogé par des médias français, Julien Buot – qui dirige l’association Agir pour un Tourisme Responsable – relève que si ce marché est la cible de nombreuses controverses, « …il peut aussi valoriser l’environnement et contribuer à sa diversification, quand il est bien pensé ». Ce qui se vérifie à Ocean Cay, selon lui.

Ocean Cay MSC Marine Reserve
Ph. credit Conrad Schutt

Décarbonisation

Face aux critiques des défenseurs du climat, MSC Croisières affirme n’avoir de cesse de repousser les limites de ce qui est techniquement possible en mer. La compagnie s’investit dans un développement environnemental novateur afin de parvenir à des émissions nettes nulles pour ses opérations maritimes, à l’horizon de 2050 (ce qui va plus loin que l’ambition actuelle de l’OMI de réduire de 50 % les gaz à effet de serre à cette échéance). En 2019, le croisiériste affirmait déjà avoir diminué l’intensité de ses nuisances de 28% en comparaison de 2008, grâce à des navires de plus en plus efficaces. Il annonce aujourd’hui le lancement de son nouveau bijou – le MSC World Europa – présenté comme l’un des plus écologiques grâce à sa propulsion au gaz naturel liquéfié (GNL). Les conséquences du conflit ukrainien sont-elles prises en compte ?

 

 

PRATIQUE

Y aller Miami ou New York sont les ports d’embarquement des croisières MSC faisant escale à Ocean Cay. Pour compenser son empreinte Co2 : www.naturelabworld.com/fr/calcul-empreinte-ecologique 

Visiter il n’y a pas d’hôtel sur l’île. Les vacanciers y font escale pour une journée lors de leur croisière dans les Caraïbes. Sur ses huit plages diversifiées, Ocean Cay multiplie les activités. Il est aussi prévu d’y organiser des ateliers d’initiation au milieu marin, pour petits et grands. 

Se renseigner www.msc.ch

Lire Corail, un trésor à préserver, de Bernard Fautrier (Ed. Glénat) et Les tortues marines, de Jérôme Bourjea, Hendrik Sauvignet, et Stéphane Ciccione (Ed. Quae).

Infos www.pichonvoyageur.ch