Buly, l’eau, l’encre et le temps
Sous ses voûtes peintes et ses armoires d’apothicaire, l’Officine Universelle Buly réenchante le rituel du soin. Entre flacons en verre, bocaux d’herboriste et portraits renaissants, chaque boutique s’apparente à un cabinet d’alchimie où l’art dialogue avec la beauté (c) DR
À l’heure où le luxe crie, Buly 1803 murmure. Dans le grand concert des marques globalisées, l’Officine Universelle 1803 joue à contretemps : celui de la lenteur, de la liturgie du geste, de la beauté patiente. Née à Paris en 1803 et ressuscitée deux siècles plus tard par le duo visionnaire Ramdane Touhami et Victoire de Taillac, la maison cultive l’art de la toilette comme une cérémonie, un dialogue entre les époques. Chez Buly, rien n’est produit : tout est pensé, façonné, imaginé. Et chaque savon, chaque flacon, chaque typographie porte le parfum d’un temps retrouvé.
Immersion dans une officine où la beauté s’écrit à la plume et s’incarne en porcelaine.
Un héritage qui s’énonce comme un poème
Tout commence en 1803, rue Saint-Honoré, dans l’officine de Jean-Vincent Bully, apothicaire génial et inspirateur de Balzac pour son roman César Birotteau. Ses eaux et baumes séduisent le Paris raffiné du XIXᵉ siècle : le geste devient rituel, l’hygiène un art, la beauté une morale. Deux siècles plus tard, Ramdane Touhami exhume cette légende oubliée pour lui redonner souffle et substance. Avec Victoire de Taillac, il fait de Buly une maison-monde : laboratoire esthétique, apothicairerie romantique et cabinet de curiosités à la française.
Sous le marbre vert et le bois poli, le temps semble suspendu. L’enseigne dorée brille comme un écho d’un autre siècle (c) DR
Leur philosophie? “one foot in the future, one foot in the past.”Entre tradition et modernité, la marque réinvente l’objet du soin : flacons de verre gravés, papiers marbrés, typographies dessinées à la main, senteurs composées comme des vers. Ici, chaque produit devient reliquaire, un pont entre le geste et le rêve.
Une maison au croisement du design et de la mémoire
Lorsque LVMH s’empare de Buly en 2021, le pari est clair : préserver la singularité d’un univers artisanal, presque muséal. Victoire de Taillac continue d’y insuffler la poésie narrative et la stratégie sensorielle, tandis que Touhami poursuit, en électron libre, sa quête d’esthète via son studio de création: Art Recherche Industrie.
Flacons à spirales, fioles d’apothicaire et étiquettes calligraphiées : l’alchimie du parfum s’y fait douce, aqueuse, presque spirituelle (c) DR
Buly n’est pas qu’une marque : c’est une grammaire du beau, une manière d’habiter le monde. Ses boutiques se rêvent comme des cabinets d’alchimie ; ses produits, comme des objets-récits. On y entre comme on franchit le seuil d’un autre siècle, là où le temps s’incline devant la texture d’un papier, le reflet d’un flacon, la rondeur d’une senteur.
La nouveauté : le porte-savon
Dans cette lignée d’élégance utile, l’Officine dévoile aujourd’hui son porte-savon en porcelaine émaillée, façonné au Portugal, terre des azulejos et du savoir-faire ornemental. Objet du quotidien devenu sculpture fonctionnelle, il célèbre le Savon Superfin, emblématique de la maison : géométriquement parfait, finement parfumé, personnalisable à ses initiales
Octogonal, blanc et bleu, le savon trône dans sa porcelaine émaillée. L’objet du quotidien devient reliquaire : la toilette, un rituel de beauté à part entière (c) DR
Octogonal, bleu et blanc telle une rêverie faïencée, il épouse son jumeau saponifié dans un équilibre parfait. Posé sur le rebord d’une vasque, il devient sculpture. Car chez Buly, même le savon a droit à son trône!
Fabriqué dans les règles de l’art, il célèbre le retour à l’essentiel : un objet simple, mais chargé d’intention, où l’utilité rencontre la beauté et où chaque bain retrouve sa dimension rituelle.
Sur fond de faïence indigo, le porte-savon Buly veille comme un gardien du beau. Une ode à la géométrie, à la pureté et à la grâce du geste (c) DR
Un luxe à contre-courant
À l’heure où le marketing sature les sens, Buly choisit le silence et la substance et ne se contente pas de vendre un produit : elle invite à une expérience, un voyage dans l’art de la toilette, où l’objet, le geste et la mémoire se conjuguent. Ici, pas d’ostentation : juste la splendeur d’un flacon, la lenteur d’un geste, la justesse d’un parfum. La maison rappelle que la beauté ne s’achète pas, elle s’éduque — dans le respect des matières, des gestes et du temps. Un luxe discret, cultivé, sensoriel, qui fait du quotidien une liturgie du beau.
Une poésie matérielle : pierre, cire, bois et porcelaine dialoguent dans une harmonie feutrée. Chaque objet murmure un fragment du récit Buly (c) DR
Officine Universelle Bully