BOURSES BLCG 2024 : EFFERVESCENCE ARTISTIQUE

Le rendez-vous incontournable de la jeune scène artistique genevoise est de retour ! Un vent de fraîcheur et d’audace souffle actuellement entre les murs du Centre d’art contemporain de Genève, qui s’apprête très prochainement à fermer ses portes pour faire peau neuve. Transportant le public dans un univers hybride où les arts et les médiums se rencontrent et s’entrechoquent, les douze artistes et designers nominés présentent leur travail lors de l’habituelle exposition collective des Bourses de la Ville de Genève BLCG. Brouillant astucieusement les frontières entres les domaines, les talents émergents offrent à voir des univers multiples et complexes, à la fois colorés et engagés, mais également hasardeux et dystopiques. Une plongée enivrante dans l’art contemporain de demain à découvrir jusqu’au dimanche 3 novembre.

Le monde de l’art s’active à nouveau à vitesse grand V. Finies les vacances, ce jeudi 3 octobre, une myriade d’espaces d’art organisaient leur vernissage de la rentrée à Genève. Parmi les nombreux événements de qualité, impossible de rater celui des Bourses de la Ville de Genève Berthoud, Lissignol-Chevalier et Galland (BLCG), qui célèbrent toujours avec ferveur la jeune création contemporaine. Instaurées il y a presque septante ans, les Bourses BLCG ont pour vocation de soutenir les talents de moins de 35 ans dans les domaines des arts visuels. Cette année, huit artistes ont été retenus dans la catégorie des arts plastiques, à savoir Lou Cohen, Sophie Conus, Marc Eicher, Giulia Essyad, Elisa Gleize, Nessim Kaufmann, Remy Ugarte Vallejos et Maëva Weissen, et quatre ont concouru dans celle des arts appliqués : Tara Ulmann, Lucas Brunner, Thomas Clément et Maurane Zaugg. 

Le soir du vernissage, les noms des deux lauréats ont été annoncés par le jury. Côté arts appliqués, la bourse a été décernée à l’unanimité à Thomas Clément, créateur de mode en pleine éclosion. Son installation met en scène les silhouettes libérées et organiques de sa collection de vêtements, intitulée « Before Sunshine », dans un atelier de couture reproduit spécialement pour l’occasion et empli d’anecdotes vivantes. De manière presque fortuite, le public est ainsi transporté dans l’envers du décor, et le processus de création est révélé et sublimé. Côté arts plastiques, c’est l’intrépide Maëva Weissen qui remporte la bourse, également à l’unanimité, grâce à son installation mélangeant textile, vidéo, son et écriture. Rendant hommage à la subculture de la cité d’Onex, son œuvre traite de questions sociétales comme le féminisme, la décolonisation et l’écologie. Colorées, féroces et urbaines, ses œuvres textiles valorisent l’upcycling des matériaux et des vêtements. Entre tissage, patchwork, tuftage et tressage, son travail témoigne d’une parfaite maîtrise des techniques anciennes et contemporaines. 

Les autres nominés n’ont pas démérité. L’intégralité des installations atteste du bouillonnement actuel des artistes de la nouvelle génération. En plein effervescence, ils ne cessent d’innover tout en créant des ponts entre les genres, les périodes, les techniques et les visions. De notre côté, dans le domaine des arts appliqués, on a été marquée par la proposition effrénée et sentimentale de Tara Ulmann, mêlant adroitement écriture, photographie et céramique expérimentale, ainsi que celle de Lucas Brunner, avec sa collection de vêtements « The Rain Lasted Forever ». Prenant le parapluie comme point de départ, ses silhouettes structurées et spectaculaires explorent avec audace et délicatesse les notions de protection et de vulnérabilité. Côté arts plastiques, on souligne la créativité de Nessim Kaufmann, auteur de machines absurdes et hasardeuses, ainsi que l’aura mystique des œuvres de Marc Eicher. Une promenade surprenante à la (re)découverte de la nouvelle génération artistique, aussi désinvolte qu’ambitieuse, à ne pas louer !