Blandine, réminiscences à croquer

Un décor qui raconte mille histoires : briques rosées, banquettes bleu nuit et bouteilles alignées comme des notes de musique dans un bistrot hors du temps (c) Blandine
Direction Paris au 45 avenue Kléber où un parfum de réminiscence flotte dans l’air : Blandine n’est pas un bistrot, c’est une machine à remonter le goût. Michel Puech et le chef Paul-Alexandre Laumont jouent avec nos souvenirs comme des musiciens avec leurs cordes sensibles. Ici, la nostalgie n’est pas figée, elle se mordille, se goûte, s’avale brûlante comme un croque au sortir du four.
Dès le seuil franchi, le décor donne le ton : briques bleues, plafond rosé, parquet sombre comme une confidence chuchotée. On s’enfonce dans les banquettes métalliques couleur nuit, on caresse du regard les photos sépia qui racontent mille vies, les bouteilles anciennes qui dorment encore, et ces tables semées d’argenterie qui reflètent un éclat de fête oubliée. Blandine n’imite pas le passé : elle le magnifie, elle en fait une scène contemporaine, une fiction délicieusement crédible.

Sous l’auvent carmin, Blandine déploie sa terrasse comme une invitation : Paris à l’ancienne, mais avec la vivacité d’aujourd’hui (c) Blandine
Dans l’assiette, chaque plat ressemble à une lettre d’amour envoyée depuis un autre temps. Os à moelle croustillant, soufflé au comté aérien, soupe à l’oignon feuilletée comme une caresse d’hiver : on retrouve la cuisine bourgeoise comme une vieille chanson qu’on n’avait pas entendue depuis trop longtemps. Puis surgissent les classiques canailles – croque brioché, steak au poivre, saumon à l’oseille, bœuf bourguignon servi en soupière – avec cette force rassurante des choses immuables. Mais la modernité s’invite aussi à table, discrète et audacieuse : linguines au citron, tartare de bar… Comme un souffle frais sur une toile ancienne.

Le mythique saumon à l’oseille : une icône réinventée, servie dans une vaisselle fleurie qui fleure bon les déjeuners d’antan (c) Blandine
Les becs sucrés, eux, sont pris au piège d’une gourmandise impossible à trancher. Mousse au chocolat servie à la louche, baba au rhum généreux, riz au lait coulant de caramel beurre salé : chaque dessert est un retour en enfance, mais version grand écran.

Le Mont d’Or rôti, coulant comme une promesse d’hiver : l’ultime comfort food en version chic et canaille (c) Blandine
Dans les verres, la partition s’accorde au festin. Le jeune sommelier Bryan Guerville déroule un répertoire qui fait voyager de Pauillac à Meursault, de Chablis aux coteaux du Rhône. Des flacons qui chuchotent à l’oreille des plats et prolongent la résonance du souvenir.
Blandine n’est pas un bistrot de plus. C’est une chambre d’écho : on y entend les voix de nos grands-mères, on y savoure le présent, on y écrit déjà nos souvenirs de demain.

Chaque table devient un écrin : bois brut, banquettes enveloppantes et fresque murale de dessins qui font danser l’œil autant que l’appétit (c) Blandine
Blandine
45, avenue Kléber, 75016 Paris
Tél: +33 649 86 36 30
Ouvert du lundi au samedi, déjeuner & dîner
Entrées dès 11€, plats dès 19€, desserts dès 11€
bistro-blandine.com
