Berthe is Dead but it’s Okay : onde de doc

Elle regarde, elle nous traverse. Berthe, éternelle comédienne d’un film qui ne s’éteint pas (C) DR

Dans le grand bal des documentaires qui osent, Sacha Trilles arrive en funambule de l’émotion. “Berthe is Dead but it’s Okay” : un titre comme une pirouette face à l’absence, un rire suspendu au bord des larmes. Son film plane haut, entre mémoire et métaphore, intime et universel. Car Berthe c’est plus que sa grand-mère : c’est une étoile du théâtre romand, une voix, une vibration. Et ce poème visuel à l’élégance brute, un battement d’amour contre l’oubli.

Un regard neuf, une voix qui promet
Repéré à la loupe fine du Champs-Elysées Film Festival, lauréat du prix France Télévision, Sacha Trilles impose son style : brut, poétique, délicieusement kitsch. Du documentaire ? Oui. Mais sans balises. Une œuvre sensorielle, montée comme une performance, qui convoque autant l’art vidéo que le journal de bord, le théâtre filmé que la confession en clair-obscur.

Le défi du film, c’était la liberté” dit-il dans Trois Couleurs. Mission accomplie. On vibre avec lui dans ce road trip mental, où l’on cueille la mort sans pathos, avec l’élégance d’un dernier salut et la fantaisie d’un hommage pop. Proche d’un cinéma thérapeutique, Sacha affirme qu’avec Berthe, il a utilisé le cinéma comme outil de deuil.

Berthe, l’éternelle
Actrice mythique du théâtre suisse, Berthe devient ici le cœur battant d’un récit intergénérationnel. Pas de nostalgie figée : du mouvement, de l’humour, des souvenirs en surimpression. La mémoire comme un kaléidoscope, où les images font danser les fantômes. Où l’absence devient présence. Où le chagrin prend des paillettes.

Un tour du monde en festivals
Le film trace sa route comme un météore : New York (DOC NYC), Tel Aviv (Docaviv), Madrid (Alcine), Bruxelles, Saguenay, Lussas, Évreux… La planète cinéma s’enflamme pour ce bijou inclassable. Coup de cœur du public, prix du jury jeune, meilleure œuvre documentaire… et surtout, une vraie reconnaissance pour une œuvre qui ne triche pas.

La relève est là
Sacha Trilles, c’est le nom du prodige (25 ans) à retenir. Une plume visuelle, une présence en creux, une audace douce. Et surtout, une capacité rare : transformer la perte en poésie, et l’intime en manifeste collectif (mais sans slogans). Avec lui, même la mort semble tendre. Et le cinéma, plus vivant que jamais.