Beatrice Leanza, le nouveau visage du MUDAC

Beatrice Leanza, nouvelle directrice du MUDAC – Musée cantonal de design et d’arts appliqués contemporains
Suite à son déménagement au cœur de Plateforme 10, le MUDAC a déjà fait couler beaucoup d’encre, et s’est en quelques mois seulement démarqué comme une destination culturelle immanquable. Après 22 ans à la tête du musée consacré au design, Chantal Prod’Hom quittait l’institution en décembre dernier, cédant sa place le 1er janvier 2023 à Beatrice Leanza. Passionnée d’art chinois et de design, elle quitte son Italie natale pour l’Asie au lendemain de ses études où elle mène une carrière brillante. Ancienne directrice de la Beijing Design Week notamment, elle prend la tête du maat (Musée d’art, d’architecture et de technologie) de Lisbonne durant quatre ans, jusqu’au jour où le musée lausannois annonce rechercher sa succession. Son sens créatif et son expérience à l’international séduisent le jury, et il y a quelques semaines cette nouvelle page commençait à s’écrire. Rencontre avec Beatrice Leanza qui compte bien faire du MUDAC une destination culturelle incontournable à l’échelle mondiale.
Après la Chine, puis le Portugal, maintenant Lausanne. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce qui vous a motivé à postuler en tant que directrice du MUDAC ?
J’ai été directrice du maat (Musée d’art, d’architecture et de technologie) à Lisbonne durant quatre ans, et mon mandat touchait à sa fin. Autour de moi, mes collègues, mes amis, m’ont parlé de l’ouverture du poste de directrice du MUDAC, et j’ai décidé de postuler car l’institution venait de connaître une véritable mutation. Mon expérience au Portugal a été très enrichissante, et j’étais à la recherche d’un nouveau défi. Suite à son déménagement au cœur de Plateforme 10 le MUDAC a eu pour volonté d’avoir un impact plus fort, d’aller plus loin, de résonner plus loin. Les ambitions du musée correspondaient parfaitement aux miennes, je me retrouvais dans ses valeurs. Pour moi c’était une décision organique, naturelle.
Vous parlez d’un musée qui souhaite aller plus loin. Que comptez-vous changer ?
Je pense qu’un musée, qu’il soit consacré au design ou à toute autre discipline, doit vivre dans le temps présent. Les institutions muséales sont des lieux publics et elles doivent à tout prix subir des transformations constantes pour continuer d’être pertinentes. Ce n’est pas tellement un changement à opérer, mais des choix à réaliser dans les expositions et l’engagement avec le public.
L’engagement avec le public est en effet l’un des points clefs de Plateforme 10. Comment comptez-vous développer cet aspect au MUDAC ?
Nous avons des projets pour les expositions prévues cette année, et pour la suite. Il est capital de s’adresser au public, aussi large que possible, car comme je le disais tout à l’heure le musée est un lieu qui appartient à tous. Mais nous voulons également développer l’échange avec les professionnels du monde du design. Qu’il soit question de designers déjà installés professionnellement, d’étudiants dans des écoles, nous voulons que le musée soit également un lieu qui leur apporte quelque chose. Beaucoup de choses sont possibles, organiser des panels, des partenariats avec des écoles. Le rôle d’un musée est également de faire partie de la conversation qui est la suivante: quel est le futur du design, que peut-il faire, et quel est le rôle des designers. C’est notre responsabilité de rendre possible ces questionnements, et de leur apporter des réponses en nous ouvrant au public en général, mais aussi aux acteurs de ce milieu.

Le MUDAC – Musée cantonal de design et d’arts appliqués contemporains
Votre parcours très riche nous fait nous interroger sur d’éventuelles collaborations avec des institutions extérieures au pays, des expositions interdisciplinaires. Quels sont vos projets de ce côté-ci ?
Je ne peux pas trop en dévoiler pour le moment, mais nous avons en effet le projet de rendre le MUDAC présent dans des événements à l’international. L’objectif est de faire de cette institution une référence dans son domaine, et de la faire connaître à tous. Pour ce qui est des expositions, je pense que tous les arts, notamment le design sont interdisciplinaires par nature. Aujourd’hui, les artistes refusent de se limiter, de mettre des barrières entre les différents domaines artistiques. Je pense que les futures expositions, dont je ne peux encore rien dévoiler, devront avant tout raconter une histoire. Car le design fait partie de notre quotidien, ils nous apprend des choses sur nous, et sur notre époque, notre société. Il y a une responsabilité dans la création d’objets, les designers jouent un rôle clef, et je crois que c’est avant tout cela que nous devons mettre en avant car le design est sans cesse entremêlé avec les changements de notre monde.
Enfin, Lausanne a été classée parmi les destinations phares de 2023 par le New York Times, qui soulignait l’attractivité culturelle de la ville. Que pensez-vous de ce classement ?
J’espère en effet que Lausanne deviendra une destination phare ! C’est une ville qui m’a moi-même beaucoup attirée, dont les ambitions sont élevées, à l’image des miennes. Je suis heureuse de pouvoir participer à cet élan, car cette ville a beaucoup à offrir, et mérite d’être connue de tous.
MUDAC – Musée cantonal de design et d’arts appliqués contemporains
Pl. de la Gare 17, 1003 Lausanne
