Alpha Saliou Diallo: le couteau suisse du game

Je ne sais plus par quel hasard, je me suis retrouvé invité sur un groupe Facebook privé en lien avec la musique. Ni chanteur, ni musicien, j’ai néanmoins validé  l’invit’ pour entrer dans LEGROSTASDEZIK FAM. 1’075 membres (aujourd’hui confinés) qui partagent de la musique. Ça se précisait. A mon tour, j’envoyais quelques titres de 22Gz, future star de la drill new-yorkaise, puis plus rien. Jusqu’au jour où j’ai constaté que quelqu’un tirait les ficelles derrière LEGROSTASDEZIK et que cette même personne avait un blog du même nom et faisait aussi dans le textile. Blogueur, vendeur d’habits et rédacteur/animateur/community manager chez RTU/Radio Nova Lyon…En prime, une vague ressemblance avec Adama de la Sexion d’Assaut. Mais en fait, qui est Alpha Saliou Diallo?

De vous, on ne connaît pas grand-chose, à part que vous gérez le blog LEGROSTASDEZIK, que vous vendez des habits et que vous faîtes de la radio. Ainsi, on va vraiment commencer par le début. Où êtes-vous né, où avez-vous grandi ? Bref, quel est votre parcours?

Je suis né à Bourgoin Jallieu en Isère mais j’ai grandi au quartier des Minguettes à Vénissieux (banlieue lyonnaise). J’ai développé très tôt une passion pour la musique via des cousins rappeurs/beatmakers qui ont roulé leur bosse. J’ai découvert très tôt le rap avec le Wu-Tang, Gang Starr, KRS via la collection de mon cousin avant d’entamer mes propres exploration. De fil en aiguille j’ai commencé dans la radio associative, en tant que chroniqueur puis co-animateur et animateur. De cette activité bénévole s’est créée une activité salariale.

Radio Charpennes Tonkin, la radio dans laquelle j’ai fait mes débuts a été reprise pour devenir Radio Capsao, une radio latine, ce faisant je n’avais plus la liberté de parler de rap dans sa globalité et c’est ainsi qu’est né LEGROSTASDEZIK (ou LGTDZ). A la base, de juste un blog où je mettais les albums qui ne correspondaient pas au format de la radio, c’est devenu au fil des années un média à part entière. Par la suite RTU, une autre radio où je travaillais depuis 2014 a été approchée par Radio Nova puis est devenue son antenne lyonnaise en 2017.  A ce moment-là j’ai décidé de pleinement me consacrer à LGTDZ, car ayant plus de retour/liberté/considération dessus et parce que le blog avait rassemblé des personnes avec un vrai respect et une passion pour la culture.

J’ai aussi récemment co-fondé le podcast Neck-Cliché avec mon camarade Figub Brazlevic, immense producteur berlinois hyper-actif.

 

J’ai mes sources et on vous dit hyper-passionné. Mais de quoi, plus précisément? 

Me concernant, tout part du hip-hop (boom-bap/east coast 90s pour être plus précis). Par la suite en s’intéressant aux samples, au parcours des artistes et leur évolution, des ponts entre les genres et les époques, on se rend vite compte que les étiquettes ne veulent rien dire, qu’il y a juste de la musique qui nous parle ou pas. 

Je pense que la particularité de LGTDZ est de ne jamais avoir fait la moindre concession et d’avoir toujours été hors des logiques de promotion/visibilité. Raison aussi pour laquelle il est rare de trouver dans le site des projets d’artistes connus. Même si ça tourne autour du rap, jazz, funk, soul, il y a aucun réel périmètre dans le champ des musiques que je peux couvrir. Il faut surtout qu’il y ait un groove, un minimum de rigueur et un feeling.

Selon moi le but premier d’un média est de mettre en lumière les artistes et projets qui collent à sa ligne éditoriale mais beaucoup trop sont dans le repompage mutuel ou dans la course après des trains déjà en marche, voire d’autres qui prennent de fausses postures de “prescripteurs” sans réel rapport avec la musique ni de réelles recherches personnelles.

Il en est de même au sein du groupe. Il est ouvert à tous mais les gens juste là pour vomir de la promo sont d’office exclus. On favorise l’échange entre passionnés de divers horizons (artistes, journalistes, label manager, programmateurs de festival, diggers), chose qui amène des échange aussi productifs que enrichissants car tout le monde à quelque chose à raconter et un vrai cheminement perso en rapport avec tout ce qui est posté.

J’ai en tête une phrase du rappeur Vîrus (décidément) qui dit: « Passionné de musique, forcément orphelin d’autres choses ». Autrement dit le fait de s’investir par passion dans la musique, le ferait passer consciemment à côté de quelque chose. Que ce soit dans la musique ou un autre domaine d’ailleurs. Qu’en pensez-vous ?

Premièrement, des sacrifices par rapport à des choix personnels au niveau des études et de l’orientation. D’avoir rejeté “le réseautage pour le réseautage” et aussi de préférer la compagnie d’une niche de personnes réellement impliquées et passionnées que dépenser de l’énergie pour une foule à qui ma démarche ne parle pas.

Également sur le plan social où les goûts musicaux façonnent aussi les activités et le choix de l’entourage. Quand on tient une certaine distance avec ce qui est “populaire” en tant que lycéen/étudiant, ça se répercute sur les soirées et les sorties.

 

Vous détenez un partenariat avec Champion pour votre ligne de vêtements, ce qui n’est pas rien…

Il ne s’agit pas d’un partenariat direct avec Champion, sinon je serais dans les abribus (rires), mais via une structure intermédiaire (elle-même partenaire de Champion) qui s’occupe de la distribution des goodies.

 

Merci pour vos réponses, bonne continuation.

Merci de l’intérêt porté à ce que je fais et BIG UP à vous et toutes les personnes qui vivent leur musique et leur culture !

legrostasdezik.com