À LA RECHERCHE DES DERNIERS OASIS

« Lorsque nous sommes dans le désert sec et aride, il y a une chose que nous recherchons presque instinctivement et c’est la couleur verte. C’est la promesse de l’eau et donc de la vie. Il s’agit du dernier groupement de palmiers du Tanseest, autrefois une oasis à 15 km de la ville d’Assa ». © M’hammed Kilito

La galerie Gowen Contemporary expose pour la première fois dans ses locaux de la Grand-Rue le travail du photographe-explorateur marocain M’hammed Kilito. Documentant l’inéluctable transformation des oasis des déserts au moyen de son appareil photo et de son regard profondément sensible mais aussi critique, l’artiste met en évidence l’importance de ces paradis naturels pour la biodiversité et l’écosystème tout en soulignant les différentes menaces auxquels ils doivent faire face. Ses images évocatrices à la fois enchanteresses et alarmantes montrent la fragilité du patrimoine naturel tout en soulignant la complexité de cette problématique qui affecte l’ensemble des populations. Une exposition engagée qui rappelle que l’Homme est tributaire de son environnement et donc responsable de sa préservation. À voir jusqu’au 11 novembre. 

 

 

D’une netteté tout à fait saisissante, les photographies de M’hammed Kilito présentent de vastes espaces arides aux couleurs ocres animés par une faune et une flore tout à fait exceptionnelles où évoluent les populations locales entièrement dépendantes de leur environnement naturel. Ces authentiques fragments de réalité racontent les récits et le quotidien de ces singulières communautés du désert qui évoluent au milieu d’un abondant patrimoine naturel riche en ressources et pourtant grandement menacé par le changement climatique. Indispensable à l’écosystème et au maintien de la biodiversité, les oasis font aujourd’hui face à des problématiques inquiétantes : sécheresses à répétition, désertification, surexploitation des ressources naturelles, exode rural, modification de l’agriculture. Avec une puissance évocatrice et une vision humaniste, le photographe met en évidence l’impact de ces divers changements sur l’environnement et les oasiens qui tentent tant bien que mal de préserver leurs havres de végétation. 

« Lorsque nous sommes dans le désert sec et aride, il y a une chose que nous recherchons presque instinctivement et c’est la couleur verte. C’est la promesse de l’eau et donc de la vie. Il s’agit du dernier groupement de palmiers du Tanseest, autrefois une oasis à 15 km de la ville d’Assa ». © M’hammed Kilito

L’exposition intitulée Kafila – ce qui signifie « caravane » en arabe – regroupe une vingtaine de photographies dont certaines sont issues des séries Before it’s gone et Untold tales, alors que d’autres sont totalement inédites. Évocateur et avertissant, le travail présenté à la galerie Gowen démontrent le fort engagement artistique, humaniste, social et environnemental de M’hammed Kilito. Au travers de son travail photographique, il entraîne le public dans un voyage où se mêlent beauté, réalité, sensibilité, solitude et urgence climatique. Des régions présahariennes jusqu’à Al- ʿUla, une oasis de la province de Médine au nord-ouest de l’Arabie Saoudite, ses images narrent avec tendresse et justesse l’inexorable mutation de ces paradis naturels qui se raréfient de jour en jour. 

Mohammed Elfakhar (38 ans), potier, ramasse du bois à l’oasis de Skoura, au centre du Maroc. Il le fait tous les dimanches, lorsqu’il cuit au four les poteries qu’il a fabriquées pendant la semaine. Il lui faut toute la matinée, de 6 heures du matin à midi, pour récolter de quoi alimenter le four. © M’hammed Kilito

M’hammed Kilito est né à Lviv, en Ukraine, en 1981. D’origine marocaine, il passe une partie de son enfance à Rabat, avant de partir s’installer au Canada pour suivre des études en sciences politiques. Après un baccalauréat à l’Université de Montréal et un maîtrise à l’Université d’Ottawa, toujours en sciences politiques, il étudie la photographie à l’École d’Art d’Ottawa. Par la suite, il devient chercheur au Conseil de Planification Sociale d’Ottawa puis chef du département vidéo de Ressac, une agence publicitaire montréalaise. En 2015, il décide de retourner au Maroc afin de s’y installer définitivement et de se consacrer pleinement à la photographie. Photographe pour le National Geographic, il explore dans son travail personnel les questions d’identité culturelle et de clivages sociaux, l’impact du changement climatique sur nos sociétés, la migration des peuples et l’héritage socio-culturel. Ses photographies ont été exposées à travers le monde et son œuvre a été primée à de nombreuses reprises. Actuellement, il vit à Casablanca. 

M’hammed Kilito exposé à la Galerie Gowen 

 

 

M’hammed KilitoKafila

GOWEN CONTEMPORARY
Jusqu’au 11 novembre 2023

Grand-Rue 23, 1204 Genève
Mardi-vendredi 10-18h30
Samedi 11-17h
www.gowen.art