4 EXPOS À VOIR CET ÉTÉ

Dans la vidéo «Seu sangue é terra que ninguém pisa», (2024), Jota Mombaça se fait ensevelir dans de la terre, ritualisant son propre enterrement.
© Lu Peixe

Cet été, qu’il fasse beau ou pluvieux, on se cultive ! Et pas besoin de prendre le train ou l’avion pour s’offrir un voyage artistique, les espace d’art genevois nous ont préparé une programmation exaltante. Focus sur quatre expositions à découvrir à tout prix ! 

 

REGARDS SURRÉALISTES
L’année 2024 marque le centième anniversaire de la parution du « Manifeste du surréalisme » d’André Breton (on vous en parlait déjà dans notre double édition hivernale n° 116 avec la BRAFA ndlr). À cette occasion, Olivier Varenne célèbre le mouvement artistique avec une exposition inédite présentant un épatant ensemble d’autoportraits. Organisé en duo avec Jean-Hubert Martin, curateur français, l’exposition explore la perception qu’avaient les artistes surréalistes d’eux-mêmes. Et pas n’importe quels artistes puisque l’accrochage présente les autoportraits de grands noms de l’histoire de l’art, comme Marcel Duchamp, Salvator Dali, Man Ray, Francis Picabia, Max Ernst et René Magritte entre autres, révélant malicieusement les procédés par lesquels ils se sont représentés à la lisière du rêve et de l’inconscient. En parallèle, dans son espace adjacent, la galerie dévoile des autoportraits d’artistes contemporains dont Cindy Sherman et Johathan Delachaux. Une expérience à travers la perception de soi et la transformation de sa propre image qui ne laissera personne indifférent !

RÉTROVISEUR : AUTOPORTRAITS SURRÉALISTES, Jusqu’au 20 juillet 2024, Olivier Varenne – Art Moderne & Contemporain, Rue des Bains 37-39, 1205 Genève, ma-ve 14h-18h, sa 12h-17h, www.varenne.art

TROIS POUR LE PRIX D’UNE
Après nous avoir ébloui avec une Biennale de l’Image en Mouvement de grande qualité, le Centre d’art contemporain poursuit sa programmation en proposant trois expositions simultanées. À l’affiche : trois artistes surprenantes qui explorent le corps et la question des communautés persécutées, chacune à sa manière avec une pratique qui lui est propre. Au 2e étage, Steffani Jemison présente « Tumblers », une exposition chorégraphiée regroupant vidéo, dessin, sculpture et performance. Axé autour de la thématique du corps en mouvement, le parcours narratif imaginée par l’artiste américaine développe les notions de transformation et d’envol au travers d’œuvres poétiques et complexes. Au 3e étage, l’artiste brésilienne Jota Mombaça nous entraine dans un tourbillon d’émotions avec une exposition discutant de sujets forts comme l’oppression des corps, la migration, la résilience, ainsi que la déconstruction du genre et des systèmes coloniaux. Mêlant plusieurs médiums, le parcours s’ouvre avec l’installation composée de briques et de verre « The right to self-defense is a prerogative of the oppressed ». Créée in-situ, cette œuvre interroge le besoin de défense des communautés persécutés et la violence qui en découle. La présentation se poursuit avec plusieurs pièces fortes dont les « Ghost », des sculptures de tissus façonnées par les cours d’eau dans lesquels elles ont été immergées, reflétant ainsi l’histoire de ces différents lieux. Pour finir, le parcours imaginé par Jota Mombaçase s’achève avec un film montrant l’artiste s’enterrant dans la terre de la forêt amazonienne. Un acte puissant interrogeant les procédés de ressourcement et de retour aux origines. Enfin, au dernier étage, l’artiste originaire d’argentine Julieta Hanono présente une cosmologie inédite. Aux murs, des noms de femmes inspirantes sont inscrits alors qu’au plafond pendent des morceaux de tissus sur lesquels sont brodés des phrases, parfois crues, expérimentées par des femmes. Un ensemble touchant qui questionne la capacité du langage à traduire des expériences personnelles ou collectives, tout en soulignant l’importance des luttes féministes.

TUMBLERS –  STEFFANI JEMISON & MATERIAL GIRL / ALL THAT YOU TOUCH – JOTA MOMBAÇA, Jusqu’au 8 septembre 2024, UNE COSMOLOGIE À PARTIR DE VIOLETA PARRA – JULIETA HANONO, Jusqu’au 13 octobre 2024, Centre d’art contemporain, du mardi au dimanche de 11h à 18h, Rue des Vieux-Grenadiers 10, 1205 Genève, www.centre.ch

DIALOGUE LIMPIDE
Le Musée Barbier-Mueller s’est associé à John Armleder, artiste suisse internationalement reconnu, pour mettre en place sa dernière exposition d’envergure. Intitulée « Transparents », l’exposition met ingénieusement en dialogue des pièces provenant des collections du musée avec un ensemble d’œuvres évoquant la transparence et réalisées par John Armleder. Peu montrées, voire jamais, les étonnantes créations contemporaines en verre de l’artiste permettent de porter un regard neuf sur les pièces extra-européennes (Asie, Afrique, Océanie) des collections Barbier-Mueller. Jouant sur les contrastes et les analogies entre des œuvres à première vue complétement opposées, l’accrochage offre un terrain fertile aux réflexions de l’esprit et à l’imagination. Un surprenant mélange qui renverse les codes tout en mettant en évidence la nécessité des savoir-faire pour chaque époque et chaque société.

TRANSPARENTS – JOHN ARMLEDER & LE MUSÉE BARBIER-MUELLER, Jusqu’au 5 janvier 2025, Musée Barbier-Mueller, Rue Jean-Calvin 10, 1204 Genève, ouvert tous les jours de 11h à 17h, www.barbier-mueller.ch

John Armleder, À Jean Paul, 2017 ©Annik Wetter

COLLECTION DE DONS
Depuis que les musées de la Ville de Genève ne possède plus de budget d’acquisition, les donations et les legs sont devenus essentiels au développement continuel des collections. Afin de rendre hommage aux nombreux donateurs et donatrices qui ont participé à l’enrichissement du Musée Ariana au fil des années, la directrice Isabelle Naef Galuba a élaboré un parcours didactique et pertinent autour de la galerie du premier étage. Afin de mieux cerner les enjeux de la donation, l’exposition discute des différents types de donateurs dont le fondateur du musée, les mécènes, les sociétés d’amis et les artistes. Le parcours questionne également les raisons qui motivent les personnes à donner des œuvres et les musées à les accepter. En accompagnement de l’exposition, des enregistrements audio de certains bienfaiteurs viennent lever le voile sur les raisons mais aussi les circonstances de leur don à l’institution. Une présentation émouvante qui révèle avec sensibilité une facette méconnue de l’histoire des collections du musée. À noter que le Musée Ariana vient d’inaugurer sa nouvelle salle permanente au rez-de-chaussée « Entrée en matière », évoquant avec brio les diverses techniques et les matériaux des arts du feux.

FAIRE DON, UNE AFFAIRE DE CŒUR OU DE RAISON ? Jusqu’au 2 mars 2025, Musée Ariana, Avenue de la Paix 10, 1202 Genève, du mardi au dimanche de 10h à 18h, www.musee-ariana.ch 

© Musée Ariana