AlUla, mirage réel

Fenêtre minérale au crépuscule — quand le désert encadre sa propre lumière (c) DR
Certaines destinations n’ont pas besoin de forcer le trait : elles vous happent dans un souffle, dans une lumière, dans une matière. AlUla, au nord-ouest de l’Arabie saoudite, est de celles qui se laissent approcher comme on entrouvre un coffre aux merveilles. Longtemps effacée des cartes touristiques, ce territoires où chaque pierre devient lettre d’un alphabet ancestral se révèle aujourd’hui comme un poème minéral, ciselé par les vents, sculptée par des millénaires et sublimée par une vision ultra moderne.
Les canyons ocres d’AlUla tracent des arabesques dans le ciel, ses tombeaux nabatéens surgissent des falaises comme des portes vers un passé fastueux. Hegra, première inscription saoudienne au patrimoine mondial de l’UNESCO, résonne comme la sœur de Petra. Mais ici, la grandeur n’est pas que dans les monuments : elle est dans l’air, dense comme de la soie, dans la lumière qui change du rose à l’or, dans cette respiration chaude qui semble venir du cœur de la terre. Et pourtant, AlUla n’est pas figée dans sa mémoire : la ville se réinvente au présent avec une énergie visionnaire. Ultra moderne, audacieuse et pointue dans ses technologies, elle déploie une architecture culturelle et un urbanisme futuriste qui dialoguent avec le désert. Entre traditions millénaires et innovations de pointe, AlUla offre l’expérience rare d’un lieu où l’on contemple à la fois les vestiges d’un empire disparu et les prémices d’un avenir connecté, créatif et résolument tourné vers le monde.

Tombeau de Hegra — monolithe sculpté, porte monumentale vers l’éternité nabatéenne (c) DR
Banyan Tree AlUla : écrin minéral
Au détour de la vallée d’Ashar, Banyan Tree AlUla surgit comme une apparition. Pas un hôtel, mais une métaphore de l’hospitalité. Ses 79 villas évoquent des tentes nomades ancrées dans la roche, un luxe qui épouse le désert au lieu de le contraindre. Bois brut, pierres chaudes, toiles tendues : l’architecture s’efface pour laisser parler le paysage.

Les tentes chambres du Banyan Tree — un luxe qui épouse le désert au lieu de le contraindre (c) DR
Chaque villa est un refuge : piscine privée qui reflète les montagnes, terrasse ouverte sur l’infini, lit moelleux posé face aux falaises. Ici, on vit au ralenti, comme dans un film projeté image par image. Et quand la nuit tombe, la voûte céleste devient l’unique écran, constellé d’étoiles au scintillement insolent.

Piscine enclavée dans la roche — mirage d’eau entre falaises millénaires (c) DR
Côté saveurs, deux partitions se jouent : Harrat, pour une cuisine locale twistée avec audace, et Saffron, où l’Asie épouse les épices du Moyen-Orient. Le spa, enfoui dans la roche, agit comme un sanctuaire du corps et de l’âme. Entre yoga dans les dunes, randonnées archéologiques et concerts en plein air, chaque expérience devient une immersion sensorielle.
Ducasse dans l’oasis
Parce qu’AlUla cultive aussi l’art de la haute table, impossible d’ignorer Ducasse in AlUla, cette parenthèse gastronomique imaginée par le maître multi-étoilé. Niché dans un écrin de palmiers, à deux pas de Jabal Ikmah – ce canyon vertigineux surnommé « la bibliothèque à ciel ouvert », où des milliers d’inscriptions anciennes racontent l’épopée des caravanes – le restaurant éphémère s’impose comme un manifeste culinaire : faire dialoguer l’excellence française et la richesse du terroir oasien.

Assiettes solaires, gestes français — quand les produits de l’oasis (grenade, herbes fraîches, légumes radieux) se parent du raffinement Ducasse, orchestrés par le jeune chef Téophile Bourgeois (c) DR
Aux commandes, Téophile Bourgeois, jeune talent de la galaxie Ducasse, compose une partition solaire où chaque produit local devient un personnage. Le hammour mariné au radis et à la grenades’offre comme une aquarelle marine aux éclats rubis ; l’aubergine fondante et artichaut croustillant, yaourt d’agneau et citron noir joue la rencontre du velours et du croquant ; le confit de chameau au citron noir et feuilles de vigne, cuit longuement comme un secret transmis, déploie des saveurs profondes, relevées d’épices arabes.

Soirée sous les palmiers — dîner incandescent, l’oasis s’illumine comme un ciel constellé (c) DR
Le décor, pensé par Aliénor Béchu et Donald Bovy, se fait discret et organique : toiles tendues, bois sobres, structures qui s’effacent devant la beauté du désert. Ici, dîner devient un rituel, un instant suspendu entre l’ombre des falaises gravées et le souffle chaud de l’oasis. Chaque assiette n’est pas qu’un plat : c’est une strophe du poème qu’AlUla écrit entre passé et futur.
Quand le désert entre en course
AlUla ne se contemple pas seulement : elle se vit aussi au rythme de l’effort. Du 28 janvier au 1ᵉʳ février 2025, le désert est devenu scène d’un ballet cycliste — le AlUla Tour — une épreuve de cinq étapes totalisant 764,4 kilomètres, classée 2.1 dans le calendrier de l’UCI Asia Tour. Ici, l’organisation n’a rien d’anecdotique : la course est portée par l’Amaury Sport Organisation (ASO), le géant français qui chapeaute aussi le Tour de France, la Vuelta, Paris-Roubaix ou encore le Dakar. Aux côtés de la Fédération saoudienne de cyclisme, de la Commission royale d’AlUla et du Ministère des Sports, l’ASO exporte son savoir-faire pour faire du désert un nouveau théâtre de performance et de spectacle.

Peloton de l’AlUla Tour — des comètes lancées entre sable et pierre (c) DR
Point de pavés flamands ni de cols alpins : ce sont les lignes droites hypnotiques des plateaux, les sprints entre canyons, les départs donnés devant la façade miroitante du Maraya Concert Hall qui écrivent la légende. Cette année, c’est le Britannique Tom Pidcock qui s’est imposé, précis et régulier, face à un peloton relevé. On retiendra aussi l’exploit du sprinteur italien Matteo Moschetti, vainqueur de la dernière étape, confirmant que ce désert peut devenir un laboratoire de stratégies aussi intenses qu’inattendues.
Pour le public, venu du royaume et d’ailleurs, la révélation fut totale : voir des cyclistes fendre le désert, à 28 degrés sous un ciel d’hiver, relevait presque de la science-fiction. Entre falaises ocre et mirages mouvants, les coureurs semblaient des comètes lancées dans l’infini, traçant sur l’horizon une épopée éphémère que seul AlUla pouvait offrir.
Quand l’art colonise le désert
AlUla est aussi un musée à ciel ouvert. Ses falaises ne sont pas seulement gravées de pétroglyphes anciens : elles accueillent désormais des œuvres contemporaines qui dialoguent avec la pierre et le silence. Depuis 2020, la Biennale Desert X AlUla, sœur jumelle de celle qui se tient dans le désert californien de Coachella Valley, invite artistes internationaux et régionaux à inscrire leurs visions dans le sable. Sculptures monumentales, installations lumineuses, architectures éphémères : chaque création devient un mirage qui questionne notre rapport au temps, au paysage, à l’invisible. Lieu de toutes les métamorphoses, Habitas AlUla s’est imposé comme un épicentre de cette effervescence artistique. Plus qu’un hôtel, c’est une résidence créative, où la nature sert de toile de fond aux performances et aux rencontres. Ici, l’art se vit autant qu’il se regarde, entre dunes et palmiers, au gré d’un programme qui mêle concerts intimistes, projections et dialogues interculturels.

. Installation Desert X — reflet d’acier et d’étoiles, quand l’art contemporain dialogue avec les falaises (c) DR
Au cœur de cette constellation culturelle se dresse aussi le Maraya Concert Hall. Cube miroitant planté dans le désert, il est entré au Guinness Book comme la plus grande façade réfléchissante du monde. Monument de verre et de lumière, il reflète les montagnes environnantes au point de se fondre dans elles, brouillant les frontières entre bâti et nature. Salle de concert, théâtre, espace d’exposition : le Maraya est une prouesse architecturale qui fait d’AlUla l’une des capitales émergentes de la création contemporaine.

Maraya Concert Hall — miroir monumental où le désert se contemple lui-même (c) DR
L’éveil d’une icône
AlUla n’est pas une simple destination, mais un manifeste. Celui d’un pays en mutation, qui honore son passé tout en dessinant son futur. Entre vestiges antiques et resorts cinq étoiles, festivals de musique et compétitions sportives, gastronomie étoilée et silence du désert, elle compose un patchwork unique, sans imiter personne.

Vieille ville d’AlUla — géométrie de terre crue, mémoire d’une cité disparue (c) DR
Séjourner au Banyan Tree, dîner chez Ducasse, vibrer devant un concert au Maraya, applaudir un sprint cycliste dans les sables : c’est vivre l’expérience AlUla dans sa plénitude. Un luxe qui n’a rien d’ostentatoire, mais tout d’essentiel. AlUla n’est plus une promesse. Elle est une icône éveillée, une cathédrale de roche et de lumière, une scène où le monde entier est invité à s’asseoir.

Falaises sculptées — le désert comme bibliothèque ouverte à l’infini (c) DR
Experience AlUla : le portail incontournable pour explorer le patrimoine (Hegra, Jabal Ikmah), découvrir les événements (Desert X AlUla, Winter at Tantora, AlUla Tour), réserver vos séjours (Banyan Tree, Habitas) ou encore vos tables d’exception
