La Cour des Contes : le goût du verbe

Festival La Cour des Contes 2025 – @ anatholie
À Plan-les-Ouates, les histoires ne se contentent pas de frapper à la porte : elles l’enfoncent avec panache. Du 15 au 25 mai 2025, La Cour des Contes revient pour sa 27e édition, transformant la commune en un théâtre à ciel ouvert où les mots dansent, bousculent et réconfortent. Entre récits ancestraux et échos contemporains, le festival tisse des ponts entre les générations, les cultures et les émotions.
Un théâtre à ciel ouvert
Pas besoin de projecteurs criards ni de grandes scènes tapageuses : ici, c’est la parole qui mène la danse. Une parole chaude, vibrante, parfois tendre, parfois mordante, qui a le bon goût de ne jamais prendre son public pour un alibi. Depuis 1998, La Cour des Contes déroule son tapis rouge à l’oralité, celle des conteurs, des diseurs, des faiseurs de légendes modernes qui savent que la voix est un vecteur plus puissant que tous les effets spéciaux.
Des spectacles pour toutes les oreilles
Cette année, l’épopée se veut plus vivante que jamais. 24 spectacles, 13 artistes invité·es et une flopée de rendez-vous pensés pour toutes les oreilles — celles qui aiment rêver, celles qui ont besoin de guérir, et même celles qui traînent un peu les pieds au départ. La programmation se veut riche et audacieuse, à l’image de Philippe Imbert, qui revisite le Roman de Renart avec une gouaille réjouissante, ou de Claire Parma, qui tisse ses récits autour des femmes puissantes de la Méditerranée.

Anne Grigis à la Cour des Contes © Novelle de Giorgi
Quand la commune devient scène
Le festival ne se contente pas de dérouler des histoires, il les met en situation. Contes à la ferme, balades contées, brunchs narratifs, scène ouverte à La Julienne… Ici, on raconte avec les mains, les silences, les sourires complices du public. Le décor ? Une commune qui joue le jeu à fond, transformant ses lieux du quotidien en scènes habitées. Et chaque année, le miracle opère : les bancs se remplissent, les enfants écarquillent les yeux, les adultes retrouvent ce frisson de l’enfance, celui qu’on croyait perdu quelque part entre un agenda surchargé et une série Netflix à moitié regardée.
La Nuit du Conte, clou du festin
Mention spéciale pour la Nuit du Conte, ce marathon oral qui s’étire jusqu’à l’heure où les paupières battent la mesure des mots. Un rituel qui fait la part belle aux langues, aux rythmes, aux histoires qui voyagent dans les valises des artistes invité·es. Et puis, il y a cette volonté affirmée d’inclusion : que l’on vienne de loin ou de juste à côté, que l’on parle en prose, en slam ou en dialecte, ici, on est tous conviés à la même table.

2 soeurs de la Cie Cri de l’Armoire ©Cédric de Maison
Des mots qui voyagent aussi loin que les rêves
En parallèle, La Cour des Contes ne cesse d’étendre son influence. En mai, elle sera l’invitée du Salon du roman populaire à La Chaux-de-Fonds, pour faire entendre cette voix unique, libre et enracinée. Une présence qui dit beaucoup de l’évolution du festival : enraciné localement, mais toujours prêt à essaimer là où l’oralité est encore prise au sérieux comme un art majeur.Alors, si vous croyez encore que les contes sont une affaire de marmots et de lutins, passez donc une tête à Plan-les-Ouates. Ici, les histoires grandissent avec ceux qui les écoutent. Et parfois, elles transforment les silences en certitudes : oui, la parole a encore le pouvoir de rassembler, d’émouvoir et de faire vibrer.
La Cour des Contes du 15 au 25 mai 2025
www.lacourdescontes.ch