« Adolescence » : série coup de poing

Adolescence, la série choc du moment ©DR
Signée par le réalisateur britannique Matt Palmer, la mini-série Adolescence, sortie sur Netflix le 13 mars 2025, s’impose comme un choc télévisuel. En seulement quatre épisodes, ce thriller psychologique dissèque les dérives d’une jeunesse en perte de repères et les effets toxiques de certaines influences numériques. Un bijou de mise en scène, servi par des performances saisissantes, qui ne laisse personne indemne.
La série s’ouvre sur une scène glaçante : Jamie Miller, 13 ans, est arrêté pour le meurtre de sa camarade de classe, Katie Leonard. Il n’oppose aucune résistance. Il ne pleure pas. Il regarde fixement la caméra, comme s’il nous défiait de comprendre. À partir de là, la série rembobine et explore les heures précédant le drame, en s’attachant au point de vue des différents personnages – sa famille, les enquêteurs, ses enseignants – dans une narration éclatée mais maîtrisée.
Une plongée dans le vide émotionnel
Jamie n’est pas simplement un « adolescent à problème ». Il est le symptôme d’un mal plus vaste : une génération surexposée, hyperconnectée, mais profondément isolée. La série ne cherche pas à excuser, mais à comprendre. Elle montre sans fard comment l’univers numérique peut devenir un miroir déformant où les jeunes se perdent. Le personnage de Katie, influenceuse en herbe, en est un autre exemple. Derrière les stories parfaites, on découvre une adolescente vulnérable, prise dans le piège d’une quête effrénée de validation. Matt Palmer orchestre cette fresque intime et sociale avec une redoutable précision. Chaque plan semble pesé, chaque silence est lourd de sens. Les couleurs froides, les cadrages serrés, la bande-son minimaliste mais angoissante : tout concourt à créer une atmosphère oppressante, quasi claustrophobe.
Des performances bouleversantes
L’autre force de Adolescence, ce sont ses jeunes interprètes. Le rôle de Jamie, campé par le prodigieux Noah Whittaker, est une révélation. À la fois opaque et bouleversant, son jeu subtil évoque un enfant en détresse qui ne sait plus comment demander de l’aide. À ses côtés, Mia Sanderson, qui incarne Katie, livre une performance tout en nuances, révélant progressivement la complexité de son personnage. Les adultes, eux aussi, ne sont pas en reste. Mention spéciale à Fiona Shaw, dans le rôle d’une grand-mère dépassée mais lucide, qui offre l’un des monologues les plus puissants de la série sur l’échec collectif à comprendre les jeunes d’aujourd’hui.
Adolescence ne propose pas de solution miracle. Elle pose des questions. Sur la responsabilité des adultes, sur le rôle de l’école, sur la violence silencieuse des réseaux sociaux. Elle force à regarder là où l’on préfère souvent détourner les yeux : dans les zones grises de l’éducation, du lien familial, du mal-être adolescent. En quatre épisodes percutants, Matt Palmer signe une oeuvre aussi dérangeante que nécessaire. Adolescence n’est pas seulement une série : c’est une alarme. Et elle résonne longtemps après l’écran noir.
Sur Netflix depuis le 13 mars
