Archet énergique
Assister à un concert d’Alexandra Conunova, c’est d’abord l’envie de voir une promesse tenue : celle d’un jeu à l’archet puissant, émotif et expressif. La violoniste moldave établie de longue date sur le Léman vient au bout du Lac jouer Les quatre saisons de Vivaldi, aux commandes de l’Orchestre international de Genève, le 23 novembre.
Par Olivier Gurtner
Beaucoup l’ont découverte en pleine pandémie. Au printemps 2020, alors que la population est confinée, Alexandra Conunova fait résonner son violon depuis son balcon, pour le plaisir des Lausannois et pour « sauver les âmes ». L’image fera le tour du monde, relayée par la presse suisse, française, espagnole, mexicaine, etc.
Le talent dépasse le simple buzz, puisqu’ Alexandra Conunova a remporté plusieurs compétitions, à l’image du prestigieux Concours Tchaïkovski (3ème Prix). Le public genevois a notamment pu l’apprécier sur la scène du Grand Théâtre, jouant le concerto pour violon de Philip Glass accompagnant Paron, une chorégraphie cinétique et en clair-obscur signée Andonis Foniadakis.
Voyage en Italie
Le 23 novembre, elle jouera un autre concerto, Les Quatre saisons de Vivaldi, dont elle a signé un enregistrement fin 2020 gravé chez Aparté. Une version avec beaucoup de rubato, presque romantique, au jeu fougueux et expressif, sans oublier son évidente technique. Par moments, une certaine épure serait bienvenue, à l’image Simon Standage dans la version English Concert Trevor Pinnock, et mettrait mieux en valeur le timbre délicat des instruments et soulignerait davantage les changements de climat.
A l’archet, Alexandra Conunova jouera tout en dirigeant l’Orchestre international de Genève. Aux sceptiques qui s’étonneraient de l’existence d’une telle formation, rappelons que l’Orchestre a été fondé en 2010 et s’est produit avec comme solistes Bertrand Chamayou, Louis Schwizgebel-Wang, Lionel Cottet, Emmanuel Krivine, Maria João Pires ou encore Gautier Capuçon. Les ensembles musicaux revêtent des formes multiples, de la plus établie à la plus souple et c’est très bien ainsi.
Le concert avec pour programme « Le voyage en Italie » débutera avec Souvenir de Florence de Tchaïkovski, qui offre une lecture romantique à l’un des berceaux de la Renaissance, frappant tellement les esprits qu’on en a fait un syndrome, celui de Stendhal sortant de la Santa Croce et submergé d’émotions face à tant de talent et de beautés. Mais d’autres sources parlent d’une évocation sur le temps plutôt qu’un hommage à la capitale toscane. Au spectateur de trancher selon son oreille.
Voyage en Italie
23 novembre 2023, à 19h30
Victoria Hall
Rue du Général-Dufour 14, 1204 Genève
loig.ch