Notoire pour accueillir à bras ouverts les asilés fiscaux, les cheikhs du Golfe, les oligarques russes et multinationales, on oublie assez rapidement que Genève a été durant trente ans le théâtre d’un mouvement squat luxuriant et ultra dynamique, autorisé par les autorités par un contexte particulier entre spéculation immobi- lière et pénurie de logements. Dans les années 1990, on comptait ainsi plus de cent soixante lieux occupés simultanément par quelque deux mille personnes. Plainpalais était l’un des quartiers les plus squattés d’Europe! 10 ans après, ces espaces véritables incubateurs créatifs pour la culture alternative peinent à retrouver leur énergie novatrice. Go Out ! est parti sur les traces de Genève la rebelle à travers les virées proposées par Marie-Hélène Grinevald aka Marylou, ancienne squatteuse et militante dont le parcours se confond avec l’histoire de ces espaces de liberté. Pour illustrer ces promenades autour des squats, on s’est remémoré l’excellent et éloquent ouvrage – Squats. Genève 2002-2012 – de Julien Gregorio, lui-même ex-squatter publié il y a 6 ans mais dont la force d’expression reste aujourd’hui intact. Une cover à l’image de l’esprit frondeur de Go Out! et avant tout hommage à l’ADN d’une Genève «plus hospitalière à la diversité des personnes et des manières de vivre», «une ville capable de faire place aux projets les plus fous et les plus fragiles, une ville où l’absence d’argent ne signifiait pas automatiquement la mise au ban » dixit le sociologue Luca Pattaroni ayant signé la préface du livre de Julien Gregorio. Bonne lecture !

Mina Sidi Ali

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